
Le Turkménistan
Capitale: Achgaba

Nom officiel: Turkménistan
Population: 5 113 040 habitants (est. 2014) (rang dans le monde: 118)
Superficie: 488 100 km. car.
Système politique: république; régime présidentiel autoritaire avec peu de pouvoirs en dehors de l'exécutif
Capitale: Achgabat
Monnaie: manat
PIB (per capita): 8 900$ US (est. 2013)
Langues: turkmène 72%, russe 12%, ouzbek 9%, autres 7%
Religions: musulmans 89%, orthodoxes orientaux 9%, inconnu 2%

GÉOGRAPHIE

Peuplé à près de 75 % de Turkmènes de souche
(minorités de Russes et d'Ouzbeks), il juxtapose élevage ovin et
cultures irriguées (coton principalement). Le pétrole et le gaz naturel
(réserves importantes) sont en majeure partie exportés.
En dépit de ses nombreuses richesses énergétiques, le
Turkménistan, qui était l'une des républiques les plus pauvres de
l'ex-U.R.S.S., connaît une transition difficile. Sa population,
relativement homogène (les trois quarts des habitants étaient d'ethnie
turkmène en 1995), a une espérance de vie relativement basse (67 ans) et
une mortalité infantile élevée. Elle se concentre le long du grand axe
de circulation S.-E./N.-O. (chemin de fer transcaspien) et sur les rives
du fleuve Amou-Daria. L'agriculture, qui employait plus de 40 % de la
population active en 1995, a connu un grand essor, grâce à la
construction du canal du désert de Karakoum en 1954, l'un des plus longs
du monde (815 km), depuis l'Amou-Daria, au sud-est, jusqu'à Kizyl-Arvat
(le projet de jonction jusqu'à la mer Caspienne ayant été abandonné).
Celui-ci permet au pays de figurer parmi les dix premiers producteurs
mondiaux de coton, irriguant de nombreuses oasis (Mary, Tedjen), qui
produisent également des fruits, des légumes et des céréales. La voie
d'eau longe l'échine du Kopet-Dag, qui fait culminer le Turkménistan à
2 942 m d'altitude, à proximité de la capitale, Achgabat. Celle-ci fut
créée par les Russes. Outre la production agricole, elle possède
quelques industries, principalement dans les secteurs de l'équipement,
de l'agroalimentaire, du textile et du cuir. L'autre grande région
agricole suit le cours de l'Amou-Daria, le long de la frontière avec
l'Ouzbékistan. Tchardjoou, deuxième ville du pays, est un nœud de
communication et d'échanges, mais aussi un centre agricole et
d'industries légères. Au nord, la région irriguée de Tachaouz, qui
permet la production de coton, de riz, de fruits et de légumes, ainsi
que l'élevage de moutons, est davantage tournée vers le voisin ouzbek
que vers les lointaines oasis méridionales.
Les réserves énergétiques du Turkménistan en
ont longtemps fait un grand producteur de pétrole et, surtout, de gaz
naturel. Cependant, le manque de débouchés, les clients insolvables et
le passage de l'oléoduc par la Russie gênent considérablement ses
potentialités de développement. Le pétrole, extrait dans l'ouest du pays
(Nebit-Dag, Tcheleken), est valorisé dans le port de Turkmenbachy
(ancienne Krasnovodsk), sur la mer Caspienne. Le pays possède les
quatrièmes réserves de gaz du monde. Les gisements se regroupent dans le
« delta » du Mourgab (Baïram-Ali, Chatlyk).

La population turkmène, autrefois nomade, mais
toujours fortement tribalisée, est musulmane. Toutefois, les pratiques
chamanistes, associées au soufisme, la rendent peu perméable aux
fondamentalismes voisins (iranien et afghan). Comme toutes les
populations des « Républiques musulmanes » de l'ex-U.R.S.S., celle-ci
connaît une forte croissance démographique, de l'ordre de 1,9 % par an,
ce qui explique sa jeunesse (29 % des habitants sont âgés de moins de
15 ans). La langue turkmène est très vivace. Les minorités russe (7 %)
et ouzbek (9 %) n'entravent donc pas l'unité du pays ; cependant, la
population urbaine (45 %) est beaucoup plus « slavisée ».
HISTOIRE
1. La période précoloniale

2. La période coloniale et soviétique
La colonisation russe progresse rapidement dans les steppes turkmènes avec l'imposition d'un protectorat au khanat de Khiva (1873). Mais l'armée tsariste se heurte à une résistance acharnée des tribus turkmènes, qui seront les derniers sujets intégrés à l'empire. L'instauration du régime soviétique à la suite de la révolution russe de 1917 rencontre à nouveau l'opposition des Turkmènes, dont une partie préfère rejoindre l'Afghanistan ou l'Iran plutôt que de se soumettre à la politique de sédentarisation et de collectivisation des terres et du cheptel. Dans la nouvelle classification des peuples, les Turkmènes sont promus au rang de nationalité constitutive de l'URSS et reçoivent en 1924 un territoire national, la République socialiste soviétique (RSS) du Turkménistan, avec Achkhabad pour capitale. Islamisés tardivement, les Turkmènes garderont leur structure tribale malgré les bouleversements sociaux imposés par le régime communiste. Dans les steppes désertiques du Turkménistan, la période soviétique est surtout caractérisée par l'intensification de l'agriculture irriguée. La construction du canal du désert de Karakoum, lancée en 1954, permet de dévier près de 20 % du débit de l'Amou-Daria et d'irriguer des cultures de coton. L'exploitation des hydrocarbures reste à cette époque limitée. La période de la perestroïka permet la fondation, en 1989, d'un mouvement politique démocratique mené par des intellectuels locaux, Agzybirlik (« Unité »). Mais Saparmourad Ataïevitch Niazov, nommé en 1985 premier secrétaire du parti communiste turkmène, l'interdit dès février 1990, et se fait élire président en août de la même année.3. Le Turkménistan indépendant

3.1. Un régime autocratique très opaque
Le dirigeant instaure dès lors un régime despotique marqué par le culte de sa personnalité. Niazov s'autoproclame Turkmenbachi (« Père des Turkmènes ») et président à vie en 1999. Il publie le Ruhnama (« Livre de l'âme ») dont la connaissance est exigée pour l'entrée à l'université, l'accès au fonctionnariat et dont le contenu est diffusé dans les mosquées en parallèle au Coran. En novembre 2002, une mystérieuse tentative d'attentat permet au président de mener une vague de répression et d'asseoir plus encore son régime totalitaire, où prospèrent clientélisme et corruption.
Le décès inattendu du président à vie en décembre
2006 ouvre l'espoir d'un changement politique. Son remplacement par le
vice-Premier ministre Gourbangouly Berdymoukhammedov, élu président le
11 février 2007 avec 89 % des voix, semble promettre quelques avancées
(réforme de la Constitution pour introduire le multipartisme,
suppression du Ruhnama) qui restent loin toutefois des standards
démocratiques, l’absence de séparation des pouvoirs n’étant pas remise
en cause. Les promesses du président, réélu en février 2012 avec plus de
97 % des suffrages, sont largement oubliées. Aucun des candidats aux
premières élections législatives « pluralistes » de décembre 2013,
avalisées par la CEI et observées pour la première fois par l’OSCE, ne
se démarque des positions officielles, tandis que le parti présidentiel
remporte 47 des 125 sièges de l’Assemblée. L'élection de 14 députés
parti des industriels et entrepreneurs – dont la création a été
encouragée par le chef de l’État et qui est réputé proche du pouvoir –
et de représentants de la « société civile » – dont 33 sièges pour les
syndicats et 16 pour l’Union des femmes, donnent à cette ouverture un
caractère très formel voire de pure mascarade.
3.2. Une politique extérieure fondée sur la neutralité…
En termes de politique étrangère, le Turkménistan a très tôt fait le choix de la neutralité permanente (adoptée par les Nations unies en décembre 1995). Après avoir signé le traité instituant la Communauté des États indépendants (CEI) en 1991, il décide ne n’être plus que membre associé en 2005. Il ne rompt toutefois pas avec cette organisation mais privilégie les relations bilatérales et ne participe à aucune initiative régionale d’intégration renforcée telles que l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS, 2001), la Communauté eurasiatique (Eurasec ou CEEA, 2001), l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC, 2003), ou encore la zone de libre-échange de la CEI (2011).3.3. … et dictée par les intérêts gaziers
Cette politique est largement dictée par les intérêts économiques du pays, nouvel acteur dans la « guerre des pipelines ». Recelant les quatrièmes réserves mondiales de gaz naturel, le Turkménistan accélère les prospections et rejoint le peloton des dix principaux exportateurs mondiaux de gaz. Son développement reste cependant compromis par l'insuffisance des investissements et l'enclavement du pays entre un Iran alors banni de la communauté internationale et une Russie ayant le monopole des routes d'évacuation des hydrocarbures.
Le Turkménistan cherche ainsi, non sans certaines
tensions, à se dégager de l’emprise de la Russie qui reste cependant un
partenaire incontournable, en diversifiant ses relations commerciales et
les voies d’acheminement de son gaz.
Il resserre ses liens avec la Turquie, l’Iran et
surtout la Chine, avec laquelle les échanges deviennent prépondérants.
Plusieurs accords sont ainsi signés à partir de 2006 : de la
construction d’un premier pipeline de 7 000 km (inauguré en 2010) au
financement chinois du gisement de gaz naturel Galkynych, le deuxième au
monde, décidé en septembre 2013. En direction de l’Asie du Sud, le
projet de gazoduc TAPI (reliant sur 1 7000 kilomètres les champs gaziers
du Turkménistan à l’Inde, via l’Afghanistan et le Pakistan) voit le
aussi le jour en décembre.
Courtisé par les pays occidentaux, il négocie enfin
pour assurer l’acheminement de son gaz vers l’Union européenne via la
Turquie. Mais le différend sur le statut juridique de la mer Caspienne
et l’absence d’accord entre tous les États riverains, une condition
exigée notamment par la Russie et l’Iran, sont à l'origine du blocage du
projet de gazoduc transcaspien entre le Turkménistan et l’Azerbaïdjan
dont les intérêts concurrentiels et les litiges sur la délimitation de
leurs zones d’extraction respectives restent en outre pendants. Souhaité
par l’Europe qui voudrait toujours assurer la sécurité de son
approvisionnement par le corridor gazier sud-européen, le projet est
relancé fin 2013 mais reste en suspens.
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