Le Qatar
Capitale: Doha
Nom officiel: État du Qatar
Population: 2 123 160 habitants (est. 2014) (rang dans le monde: 147)
Superficie: 11 437 km. car.
Système politique: émirat, monarchie absolue
Capitale: Doha
Monnaie: rial qatari
PIB (per capita): 102 100$ US (est. 2013)
Langues: arabe (langue officielle), anglais (utilisé largement comme langue seconde)
Religions: musulmans 77,5%, chrétiens 8,5%, autres 14% (recensement 2004)
GÉOGRAPHIE
1. Le cadre naturel
À la différence des autres petits États voisins (le Bahreïn, les Émirats arabes unis), le Qatar a une individualité géographique précise. C’est une péninsule calcaire de direction nord-sud, atteignant 80 m d’altitude, correspondant à un dôme anticlinal qui fait partie des plis de couverture de l’est de la plate-forme arabique.2. La population
Bâti sur un désert de pierres, le petit État du Qatar s'est peuplé à partir du xviiie s.
grâce à la sédentarisation progressive de tribus bédouines nomades.
Jusqu’à la découverte du pétrole, la vie se concentrait dans le petit
port de Doha, sur la côte est de la péninsule, centre de pêche perlière,
environné de palmeraies partiellement abandonnées. L’intérieur était à
peu près vide. Quelques puits, sans doute alimentés par des nappes
profondes en provenance de l’Arabie centrale, y localisaient des tours
de refuge abritant les bergers semi-nomades de la côte contre les
Bédouins, qui leur disputaient le pays.
Musulmans sunnites, les Qatariens sont aussi
wahhabites (adeptes d'un islam très conservateur), comme leurs voisins
d'Arabie saoudite. Ils constituent une toute petite minorité au sein de
la population totale de la péninsule. Les travailleurs immigrés
(Indiens, Pakistanais, autres ressortissants d'Asie, Arabes)
représentent, en effet, 70 % des habitants de l'émirat et 80 % de sa
population active.
La capitale, Doha,
concentre 40 % de la population du pays. L'émirat a connu une forte
croissance démographique après 1945, grâce à une natalité très élevée
et, surtout, grâce à l'arrivée de nombreux immigrants, attirés par les
possibilités de travail offertes par une production pétrolière en plein
essor. Les Indiens représentent la première communauté étrangère, avec
plus de 500 000 ressortissants, soit le quart de la population totale du
pays. Le taux de natalité reste, de nos jours, important (17 ‰), avec
un indice de fécondité de 2,4 enfants par femme. Des politiques
volontaristes dans les domaines de la santé et de l'éducation ont
amélioré ses conditions de vie.
3. L'épuisement de la manne pétrolière
L'économie du Qatar est fondée sur l'exploitation de ses abondantes ressources en hydrocarbures, notamment, en pétrole, découvert en 1939 et exploité dès 1949. Le plus ancien gisement est celui de Dukhan, sur la côte ouest ; il est relié par oléoduc au port d'Umm Said, sur la côte est. Le Qatar possède d'autres gisements sous-marins moins importants, comme Maydam Mahzam et Idd al-Chargi. Cependant, les réserves pétrolières (environ 500 millions de tonnes) sont en voie d'épuisement. Le Qatar mise donc, désormais, sur sa richesse en gaz naturel. Avec un potentiel de près de 11 000 milliards de m3, il possède les troisièmes réserves mondiales prouvées, et le « gisement du Nord », mis en exploitation en 1991, est l'un des plus vastes réservoirs de gaz naturel du monde.4. Une économie en voie de diversification
Le Qatar tend à s'affirmer comme une puissance
régionale et, fort de ses capacités d'investissement, à jouer un rôle
économique et politique influent à l'international. La chaîne de
télévision al-Jazira connaît une large audience internationale.
Le Qatar a été désigné pour organiser la Coupe du
monde de football en 2022. Compte tenu du climat torride en été, la
saison (été ou hiver), voire même l'année (2021 ou 2022), se sont pas
encore fixées. Le Qatar s'est engagé sur la livraison de 12 stades, dont
9 nouveaux, pour un investissement total et record de 200 milliards de
dollars.
5. Le site du Qatar classé à l'Unesco
HISTOIRE
Au début du xxe siècle, le Qatar est lié à la Grande-Bretagne par un traité signé en 1868, et renouvelé en 1916.1. Un émirat indépendant
En mai 1970, le cheikh Khalifa ibn Hamad al-Thani (membre de la famille qui gouverne le territoire depuis 1868) forme le premier gouvernement de l'État du Qatar, et devient Premier ministre. En septembre 1971, l'émirat annonce qu'il renonce à faire partie de la Fédération des Émirats arabes unis, proclame son indépendance, signe un nouveau traité avec la Grande-Bretagne, et devient membre de la Ligue arabe et de l'ONU.
Avec le soutien de la famille royale, le cheikh
Khalifa dépose le souverain régnant et accède au trône (22 février
1972). Le nouvel émir annonce plusieurs mesures de modernisation. En
1974, le Qatar prend le contrôle total des sociétés pétrolières
implantées sur son territoire. Le cheikh Khalifa, qui cumule les
fonctions de chef de l'État et de Premier ministre, s'engage dans une
expérience « parlementaire » limitée, en créant, en 1972, un Conseil
consultatif dont tous les membres sont choisis par l'émir.
En mai 1977, Hamad ibn Khalifa al-Thani, fils aîné de
l'émir, est désigné comme prince héritier et promu ministre de la
Défense. En mars 1981, le Qatar participe à la fondation du Conseil de
coopération du Golfe (CCG) avant de conclure, en février 1982, un accord
de sécurité avec l'Arabie saoudite.
1.1. Incidents frontaliers et stabilité intérieure
L'émirat entretient des relations plus chaotiques avec ses voisins immédiats. En avril 1986, les Qatariens débarquent sur l'île artificielle de Facht al-Dibal, qui appartient à Bahreïn, et capturent 29 techniciens étrangers occupés à construire un poste de garde-côtes. Le conflit s'aggrave en 1992 à propos des îles de Hawar, dont les deux émirats se disputent la souveraineté. La même année, en septembre, un incident frontalier avec l'Arabie saoudite provoque la mort de deux soldats qatariens. Le Qatar suspend alors l'accord de 1965 sur la délimitation des frontières entre les deux pays, qui ne se réconcilient qu'en décembre.
À l'intérieur de l'émirat, la vie politique reste
stable, à peine troublée, en 1992, par une pétition de notables qui
réclament plus de démocratie. Cette stabilité se maintient malgré la
mise à l'écart, en juin 1995, de l'émir Khalifa, détrôné par le prince
héritier Hamad, qui promulgue quelques réformes économiques et sociales.
En mars 1999, les premières élections au suffrage universel, annoncées
par l'émir deux ans auparavant, ont permis de désigner les 29 membres
d'un Conseil municipal consultatif unique pour toute la péninsule. En
avril 2003, pour la première fois, une femme est élue à cette même
assemblée.
En mars 2001, le litige qui oppose Bahreïn et le
Qatar est définitivement réglé par la Cour internationale de justice.
C'est en 1991 que le Qatar avait porté le conflit devant cette haute
instance juridique, mais Bahreïn, préférant une médiation de son
protecteur l'Arabie saoudite, avait refusé jusqu'à maintenant de
reconnaître les compétences de celle-ci dans ce différend. La
souveraineté du Qatar est reconnue sur la zone d'al-Zubara et sur les
hauts-fonds de Facht al-Dibal, tandis qu'à Bahreïn reviennent notamment
les îles Hawar. Cet accord pacifique intervient alors que le Qatar
– comme Bahreïn – s'est engagé dans la voie de la démocratisation.
À la suite de l'adoption par référendum d'une
nouvelle Constitution en 2003 (entrée en vigueur en 2005), l'émirat
devient une monarchie constitutionnelle. Un conseil consultatif de
45 membres, dont 30 seront élus au suffrage universel, l'autre tiers
étant désigné par l'émir, devait voir le jour en 2007 mais les élections
ont été reportées à une date ultérieure. La création en 1996 de la
chaîne télévisée par satellite Aljazeera qui s'est considérablement
développée depuis, lançant une version anglophone en 2006, témoigne
également de la volonté d'ouverture de l'émirat.
2. Une politique extérieure autonome
Comme les autres membres du CCG, l'émirat soutient l'Iraq face à l'Iran entre 1980 et 1988, ce qui ne l'empêche pas de mener une politique étrangère indépendante. En 1989, un contentieux l'oppose à l'Iran, qui revendique un tiers de son gisement de gaz naturel, le « gisement du Nord ». Le conflit est résolu en 1992 par la signature d'accords de coopération économique entre les deux États.
Parallèlement, le Qatar renoue avec l'Égypte en 1987,
et établit, en 1988, des relations diplomatiques avec la Chine et
l'URSS. En 1990, il dénonce l'invasion irakienne au Koweït, mais reprend
contact avec l'Iraq dès 1993. En 1994, il entame avec Israël des
négociations économiques qui n'aboutiront pas, le Qatar condamnant dès
1997 la politique israélienne de colonisation des territoires occupés.
Ses liens avec les États-Unis sont particulièrement étroits depuis 1992, mais ses relations avec l'Union européenne
se développent également progressivement. Les relations avec la France
s'intensifient à partir du milieu des années 1990 : coopération
militaire depuis 1994, intensification des échanges commerciaux et
investissements qatariens, dont des achats de prestige tels que celui du
Saint Germain FC. L’organisation de compétitions sportives (Jeux
asiatiques de 2006, chantiers en vue de la Coupe du monde de football de
2022) fait également partie de cette « diplomatie du chéquier ».
2.1. Un rôle de médiateur
Après avoir présidé l'Organisation de la conférence islamique (OCI) en 2000-2003, le Qatar se distingue surtout par une politique extérieure particulièrement active et originale. Il offre notamment ses bons offices lors de la crise qui menace le Liban en mai 2008. C'est ainsi sous son égide qu'est signé l'accord de Doha, le 21 mai, qui fin à ce conflit armé entre factions libanaises. Par ailleurs, il propose sa médiation en Somalie pour l'ouverture de négociations entre le gouvernement fédéral de transition et le mouvement des tribunaux islamiques, ainsi qu'au Soudan en vue du règlement du conflit au Darfour, accueillant à partir de l'automne 2008 des pourparlers entre le gouvernement soudanais et la rébellion conduite par le Mouvement pour la justice et l'égalité (MJE) et l'Armée de libération du Soudan (ALS).
Enfin, s'il défend le mouvement Hamas
lors de l'intervention israélienne à Gaza en décembre 2008 (que
soutiennent également la Syrie et l'Iran, avec lesquels il entretient de
bonnes relations), le Qatar maintient des contacts avec Israël et
plaide, sans succès cependant, pour un aplanissement des différends
entre États arabes sur le conflit israélo-palestinien à l'occasion du
sommet de la Ligue arabe réuni à Doha en mars 2009.
2.2. Le soutien aux « révolutions arabes »
Le Qatar est en première ligne parmi les pays arabes qui apportent leur soutien aux nouveaux régimes instaurés en Tunisie, en Libye et en Égypte dans le sillage des « printemps arabes », tandis qu’il appuie la rébellion syrienne.
Fort de sa puissance financière, il resserre ses
liens économiques avec Tunis, où la présence de l’émir est
particulièrement remarquée en janvier 2012 lors du premier anniversaire
de la « révolution tunisienne », mais dont l’influence supposée est
également contestée par certains opposants. Plusieurs accords de
coopération sont signés par les deux pays à cette occasion.
L’émirat contribue activement à l’intervention internationale en Libye contre le régime de Muammar Kadhafi
en mars-octobre 2011, avant d’être accusé toutefois d’y jouer un rôle
assez trouble en soutenant, depuis la chute de ce dernier, les franges
islamistes les plus radicales.
Il adopte également une position ouvertement hostile au régime de Bachar al-Asad
et fournirait – avec l’Arabie saoudite – des armes aux mouvements
insurrectionnels syriens, comme il l’avait déjà fait au profit des
rebelles libyens : un appui qui profiterait aux groupes les plus
radicaux comme le Front al-Nosra fondé par des djihadistes venus d’Iraq.
Le Qatar ne reconnaît cependant qu’un soutien aux représentants
« modérés » de la rébellion en Syrie. C’est notamment sous sa pression
que l’opposition syrienne, invitée à surmonter ses divisions, parvient à
créer une nouvelle Coalition nationale en novembre 2012 à l'issue d'une
réunion organisée à Doha.
En Égypte, l'émirat devient le principal allié des Frères musulmans
qui accèdent au pouvoir en 2012. Ses investissements augmentent
fortement tandis que l’émir est reçu en août par le président
nouvellement élu Mohamed Morsi. Aussi est-ce avec embarras que le Qatar
accueille la destitution du chef de l’État en juillet 2013, alors que
l’Arabie saoudite, le Koweït et les Émirats arabes unis apportent leur
appui politique et financier au nouveau gouvernement égyptien d’Abdel
Fattah al-Sissi. Les relations entre Doha – où se réfugient des Frères
musulmans désormais pourchassés –, et Le Caire ne tardent pas à se
détériorer. La chaîne Al Jazeera, accusée de partialité, est également
inquiétée.
2.3. Un activisme de plus en plus critiqué
Le 25 juin 2013, inaugurant une transition en douceur – les élections annoncées pour 2013 ayant été de nouveau reportées – l’émir Hamad abdique en faveur de son fils, le jeune prince héritier (âgé de 33 ans), Tamim ibn Hamad al-Thani. Le Premier ministre (depuis 2007) et ministre des Affaires étrangères (depuis 1992), Hamad ibn Jassim ibn Jabr al-Thani, est alors remplacé par Abdullah ibn Nasser ibn Khalifa al-Thani qui conserve également la direction du ministère de l’Intérieur. Khaled ibn Mohamed al-Attiyah est chargé des Affaires étrangères.
Une politique extérieure plus consensuelle semble
alors se dessiner. Accusé d’avoir abandonné sa neutralité par son
soutien aux Frères musulmans et groupes islamistes liés à ces derniers,
le Qatar est ouvertement critiqué par ses partenaires du Conseil de
coopération du Golfe (CCG), au premier rang desquels l’Arabie saoudite.
En mars 2014, cette dernière, ainsi que les Émirats arabes unis et
Bahreïn, rappellent leurs ambassadeurs ; une crise qui n’est aplanie
qu’en novembre, juste avant la réunion du CCG organisée par Doha en
décembre. Ce 35e sommet se clôt par plusieurs déclarations
d’intention pour faire face à l’environnement régional très instable,
notamment en Syrie et en Iraq avec la montée de l’« État islamique ».
Les six États membres condamnent toute forme de terrorisme et
d’extrémisme, s’engageant officiellement à assécher leurs sources de
financement. La création d’une structure militaire commune est également
annoncée.
Le CCG apporte également son soutien au nouveau
pouvoir égyptien. Ainsi, sous la pression et avec la médiation de
l’Arabie saoudite, le Qatar, après avoir expulsé des dirigeants de la
confrérie, renoue le dialogue avec le Caire.
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