Le Zimbabwe
Capital: Harare
Nom officiel: République du Zimbabwe
Population: 13.771.721 habitants (la plus élevée dans le monde:72) (2014 de son.)
Superficie: 390 580 km. parce que.
Système politique: démocratie parlementaire
Capitale: Harare
Monnaie: Depuis 2009, les entreprises et les particuliers sont autorisés à effectuer des transactions commerciales et domestiques en dollars américains ou en rand sud-africain. L'économie du pays a dollarisation dubi et le dollar zimbabwéen a cessé d'être utilisé. PIB (par habitant): 600 $ US (est 2013.)
Langues: Anglais (officielle), Shona, Ndebele, de nombreux dialectes mineurs
Religions: syncrétisme (mélange de christianisme et de croyances indigènes) 50%, 25%, Christian croyances indigènes 24% , musulmane et autres 1%
GÉOGRAPHIEIl est une région de plateau, la zone de forêt et la savane. Héritage
de la colonisation, le pays est resté une partie essentiellement rurale
juxtapose des cultures vivrières (maïs) et commercial (coton, tabac) à
côté de l'élevage (principalement les bovins). Le sous-sol présente de chrome, de nickel, de platine et de carbone. L'indépendance et les réformes brutales ont entraîné le départ d'une
grande partie de la minorité blanche et désorganisé l'économie,
maintenant ruiné et miné par une inflation galopante (avec une légère
amélioration récemment).1. Le reliefUne
grande partie du Zimbabwe est occupé par un plateau d'une altitude
moyenne de 1000 m qui descend en pente douce, au sud-ouest vers le
bassin du Botswana, et monte dans le nord-est, au Mozambique, jusqu'à
2595 m d'altitude (Inyanga Montagnes). Traditionnellement,
il ya trois régions définies par leur altitude: jusqu'à Veld (sur 1400
m), qui est l'arête centrale, la moyenne Veld, au nord-ouest et
sud-ouest (entre 700 et 1400 m) et le bas veld, le long des vallées du
Limpopo et Zambèze . Le
socle précambrien (granit et gneiss) affleure sur la plupart du
plateau, qui est traversé, un axe nord-sud à travers une veine, le Great
Dyke, riche en minéraux divers (y compris le chrome). Le Haut Veld bénéficie d'un climat agréable, qui a remporté les colons européens. La
capitale, Harare (anciennement Salisbury), situé à près de 1500 mètres,
reçoit 741 mm de précipitations par an et connaît la gelée blanche
pendant la saison sèche. Borders - Sud avec l'Afrique du Sud et du Nord avec la Zambie - sont en partie définies par le Limpopo et le
Zambèze.
Zambèze.
3. Un pays enclavé à l'économie diversifiée
Le Zimbabwe est riche de son agriculture et de son élevage, ainsi que de ses ressources minières variées, mais son sous-sol ne recèle ni pétrole ni gaz naturel. C'est un pays enclavé, qui dépend de ses voisins et de leurs ports maritimes (en Afrique du Sud et au Mozambique principalement) pour son commerce extérieur, d'où le développement des voies ferrées vers ces pays. C'est la présence de filons aurifères, dont l'exploitation était assurée, à la fin du xixe s., par la British South Africa Chartered Company (créée par le Premier ministre de la province sud-africaine du Cap, Cecil Rhodes), qui a déclenché le processus de colonisation. Mais c'est l'agriculture qui, à partir des toute premières années du xxe s., a enraciné la plupart des colons européens.3.1. L'agriculture et les fermes « commerciales » européennes
La question de la propriété de la terre a conditionné le développement de l'agriculture. En 1969, du fait de la ségrégation foncière résultant de la législation en vigueur, les réserves africaines (tribal trust lands) abritaient 60 % de la population noire sur 176 000km2, tandis que 6 000 fermes européennes se partageaient 168 000km2 et fournissaient une part très largement prépondérante des produits agricoles. D'une superficie moyenne de 2 150 hectares, celles-ci employaient 350 000 salariés africains en 1975. Le gouvernement de Robert Mugabe – au pouvoir depuis 1980, d'abord comme Premier ministre, puis comme président de la République – a mis en œuvre une réforme agraire pour redistribuer la terre aux Africains, réforme qui se heurte à la résistance des fermiers européens et à la crainte de voir décliner la production agricole, bien que des études aient confirmé la productivité des parcelles attribuées aux petits exploitants africains. Ces études indiquent, en effet, que la productivité des fermes dites commerciales, quatre fois supérieure à celle des exploitations africaines, est principalement due à leur emplacement sur les terres les plus fertiles. En 1990, 52 000 familles africaines avaient été installées sur des fermes rachetées, avec leur accord, à des fermiers européens, alors que le programme gouvernemental prévoyait l'attribution de parcelles à 162 000 familles à la fin de 1985. En 1997, le gouvernement a annoncé son intention de nationaliser, au profit de paysans africains, les terres de 1 500 fermiers blancs, sur un total de 4 500, mais sans indemnisation, contrairement à ce qui s'était pratiqué jusque-là. Le président Mugabe a estimé que c'était à la Grande-Bretagne d'assurer une éventuelle compensation aux propriétaires européens expropriés. L'enjeu est de taille, puisqu'au début des années 1990, 60 % de la production du pays (en valeur) provenait des 4 500 fermes commerciales européennes, à l'origine, par ailleurs, de 85 % des exportations agricoles.
Les principales cultures, tant sur les fermes
européennes que sur les petites exploitations africaines, sont le maïs
– alimentation de base de la population – (950 000 tonnes produites en
2007) et le tabac, destiné à l'exportation (79 000 tonnes produites en
2007). Les autres cultures importantes sont le coton (235 000 tonnes
produites en 2007) et la canne à sucre (3,6 millions de tonnes de sucre
produites en 2007). L'élevage est relativement important, avec
5,4 millions de bovins et 3 millions de caprins en 2007, le Zimbabwe
étant, depuis 1985, l'un des rares pays africains autorisés à exporter
de la viande vers l'Union européenne.
3.2. Les richesses minières
Le Zimbabwe est, avec l'ex-U.R.S.S., l'un des premiers producteurs au monde de chrome. Durant la période où la Rhodésie était soumise à des sanctions économiques (depuis la « déclaration unilatérale d'indépendance » du gouvernement blanc de Ian Smith en 1965 jusqu'à la décolonisation de 1980), les États-Unis continuaient d'acheter ce métal stratégique, malgré l'embargo. La production de minerai de chrome a cependant fortement diminué, passant de 639 000 tonnes, en 1989, à 120 000 tonnes, en 1993, essentiellement à cause de la chute du prix du minerai russe, avant de remonter à 250 000 tonnes en 2005. L'or est actuellement la principale richesse minière, avec une production de 11 tonnes en 2006. Viennent ensuite le nickel, le charbon, le cuivre et le fer. Un filon de platine a également été découvert dans le Great Dyke ; il est contrôlé par une société australienne, le secteur minier restant dominé par les grandes sociétés internationales.3.3. L'industrie
Le Zimbabwe dispose d'un secteur industriel important – le plus important de l'Afrique subsaharienne après celui d'Afrique du Sud ; sa contribution au revenu national dépasse celle des secteurs agricoles et miniers. L'industrie s'est notablement développée à l'époque des sanctions économiques – imposées par l'O.N.U. au régime rebelle blanc de Ian Smith à partir de 1965, jusqu'à la fin des années 1970 : ni l'Afrique du Sud ni le Portugal ne respectant ces sanctions, les sociétés européennes purent approvisionner le pays en carburant et en quelques autres produits indispensables. L'industrie (textile, alimentation, produits métallurgiques, matériel de transport et armement) a fourni 27 % du produit intérieur brut (P.I.B.) en 2006, contre 22 % pour l'agriculture.
À l'époque de la Fédération Rhodésie-Nyassaland
(1953-1963), un grand barrage a été construit en aval des chutes
Victoria, sur le Zambèze, à Kariba, donnant naissance à l'un des plus
grands lacs artificiels du continent. Des centrales hydroélectriques ont
été construites sur les deux rives ; la plus ancienne, sur la rive sud
(territoire actuel du Zimbabwe), l'autre, sur la rive nord, en Zambie.
Jusqu'en 1989, la Zambie exportait son électricité chez son voisin du
Sud, mais l'augmentation de la capacité du réseau de centrales
thermiques du Zimbabwe ainsi que l'incendie d'une centrale
hydroélectrique zambienne ont interrompu ce commerce énergétique. Depuis
1991, les deux pays ont conclu un accord pour coordonner leurs
politiques énergétiques : il est prévu d'accroître la capacité de la
centrale de Kariba-sud (au Zimbabwe) et d'exploiter en commun un
barrage, à construire dans la gorge de Batoka, en Zambie.
3.4. Les transports et le commerce extérieur
Le réseau ferroviaire du Zimbabwe est particulièrement dense. Les deux principales voies ferrées partent de Harare, l'une vers l'Afrique du Sud, et l'autre vers le Mozambique. La première se divise au sud de Gweru en deux embranchements : vers Bulawayo, d'une part, d'où partent deux lignes, l'une qui traverse le Botswana jusqu'à l'Afrique du Sud, et l'autre qui aboutit aux mines de charbon de Hwange ; vers le port mozambicain de Maputo, d'autre part. La seconde relie la capitale au port mozambicain de Beira, via Umtali. Elle est doublée par un pipeline, qui a ravitaillé l'ex-Rhodésie jusqu'en 1974 – date où le Portugal a dû accorder son indépendance au Mozambique.
Le Zimbabwe fait partie, comme l'Afrique du Sud, de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (Southern Africa Development Community, SADC). Le Zimbabwe est également membre du Marché commun d'Afrique orientale et australe (Common Market for Eastern and Southern Africa,
COMESA). Le COMESA, qui associe la plupart des pays de la SADC, ceux de
l'Afrique orientale et ceux de la Corne de l'Afrique, prévoit la
disparition des barrières douanières entre ses membres et la mise en
place de tarifs commerciaux extérieurs communs en l'an 2000. Cependant, à
l'heure actuelle, le principal partenaire commercial du Zimbabwe reste
l'Afrique du Sud, suivie, pour les importations, de la Grande-Bretagne,
des États-Unis, de l'Allemagne et du Japon. La balance commerciale du
Zimbabwe a été longtemps bénéficiaire, mais est devenue déficitaire
depuis 1995. Le produit national brut (P.N.B.) par habitant, qui a
légèrement diminué pendant la même période, reste élevé pour l'Afrique,
essentiellement parce qu'il englobe les revenus des Européens, bien
supérieurs à celui des masses rurales africaines. La dette extérieure a,
de son côté, augmenté à un rythme rapide.
HISTOIRE
1. Les ruines de Zimbabwe
1.1. Un nom africain
Le Zimbabwe doit son nom aux célèbres ruines d'un imposant ensemble architectural en pierre sèche – unique par ses dimensions en Afrique bantoue – situé au sud du pays. Les mouvements de libération africains choisirent le nom Zimbabwe, lors de la décolonisation en 1980, à la place de celui de Rhodésie, donné en l'honneur de Cecil Rhodes, artisan de la colonisation britannique. Un nom africain évoquant une ancienne civilisation noire remplaçait ainsi un nom célébrant la conquête européenne.1.2. La thèse phénicienne
L'ensemble architectural de Zimbabwe date sans doute du xive siècle ou du xve siècle et a été construit par les Shonas, qui avaient envahi le pays quelques centaines d'années plus tôt. Il ne fut décrit qu'en 1872, par l'archéologue allemand Karl Mauch, qui ne voulut pas croire qu'il était l'œuvre d'Africains ; il lui attribua donc une origine blanche – en l'occurrence phénicienne – invoquant les périples des navigateurs phéniciens autour du continent. Les archéologues, soucieux de confirmer la supériorité de la civilisation blanche, emboîtèrent le pas à K. Mauch, et identifièrent les mines d'or de la région avec celles du pays d'Ophir de la reine de Saba et du roi Salomon.
Bien que la thèse phénicienne ait été assez
rapidement contestée, il fallut attendre la datation au carbone 14 d'un
fragment de bois, enserré dans les pierres, pour que soit établi, sans
aucun doute possible, que l'ensemble architectural de Zimbabwe datait de
l'Empire du Monomotapa. Entre-temps, d'autres constructions en pierre
sèche – moins imposantes que celle de Zimbabwe – avaient été repérées en
Afrique australe.
2. L'Empire du Monomotapa et l'arrivée des Matabélés
L'Empire du Monomotapa s'est constitué au xve siècle, à une époque où l'exploitation artisanale des mines d'or avait déjà donné naissance à un commerce important avec la côte orientale africaine, alors dominée par les Arabes. Les Portugais s'y intéressèrent à leur tour, et, en 1560, un jésuite portugais parvint jusqu'à la cour du Monomotapa (le mot désignait aussi l'empereur), qu'il réussit à convertir au christianisme, avant d'être assassiné par des conseillers musulmans de la cour impériale.
Le Monomotapa avait alors abandonné, depuis un
siècle, le site de Zimbabwe, tombé aux mains d'un empire rival, fondé
par un vassal rebelle, Changa, bientôt paré du titre de Changamira. Une
brève alliance contre les Portugais se souda entre les deux empires à la
fin du xviie siècle ; elle tourna à l'avantage du Changamira, et le Monomotapa en sortit amoindri.
Les deux empires succombèrent, au début du xixe siècle, sous les coups des troupes de deux des lieutenants de l'empereur zoulou Chaka ;
celles de Zwangendaba pillèrent Zimbabwe en 1830, avant de s'établir
plus à l'est ; puis ce fut au tour de celles de Mzilikazi, qui
s'installa durablement avec ses guerriers ndébélés dans le sud du pays et établit sa capitale à Bulawayo, d'où il rançonnait le pays shona.
3. La conquête britannique et l'instauration de l'apartheid
Les Européens entrent en scène en 1888. Charles Rudd, un émissaire de la British South Africa Chartered Company (BSAC), créée par C. Rhodes, obtient du fils de Mzilikazi, le roi Lobengula, la concession exclusive des richesses minières des pays ndébélé (Matabeleland) et shona, en échange de 100 livres sterling, de mille fusils et d'une canonnière, qui ne lui seront jamais livrés.
Le roi Lobengula meurt en 1893, après une tentative
de rébellion écrasée par la BSAC, comme le sera trois ans plus tard un
soulèvement auquel participeront les Ndébélés et les Shonas. La charte
concédée à la BSAC lui permettait d'administrer le territoire pendant
vingt-cinq ans.
En 1923, la Rhodésie,
dite alors Rhodésie du Sud (l'actuelle Zambie constituant la Rhodésie
du Nord), devient colonie britannique, après le rejet par l'électorat
blanc d'un rattachement à l'Afrique du Sud. Le Premier ministre
sud-rhodésien est désormais nommé par une assemblée élue par tous les
sujets britanniques sachant lire et écrire, ce qui exclut l'immense
majorité des Africains.
Le régime rhodésien adopte toute une série de mesures analogues à celles qui régissent l'apartheid
en Afrique du Sud : en 1930, partage inégal des terres, attribuées à
50 % aux colons européens, qui sont vingt fois moins nombreux que les
Africains ; en 1934, exclusion des Africains des emplois de travailleurs
qualifiés. On estime qu'en 1940, le revenu annuel moyen d'un Noir en
Rhodésie du Sud est de 31 dollars, contre 1 170 dollars pour un Blanc.
4. La Fédération Rhodésie-Nyassaland (1953-1963)
Après la Seconde Guerre mondiale, le parti blanc modéré, le parti fédéral uni de lord Malvern, qui préconise un partnership avec les Noirs et la création d'une Fédération avec la Rhodésie du Nord et le Nyassaland (le futur Malawi), obtient gain de cause : la Fédération voit le jour en 1953.
L'Assemblée fédérale compte une minorité de députés
noirs, ce qui est une nouveauté, à une époque où aucun Africain ne siège
encore à l'Assemblée sud-rhodésienne. En 1958, un second collège
électoral africain est créé pour accueillir la petite bourgeoisie noire
de Rhodésie du Sud. Les partisans de la suprématie blanche créent alors
le parti du Dominion, pour défendre leurs intérêts face aux
revendications des Noirs, qui, sur le modèle sud-africain, fondent le Congrès national africain (ANC), dirigé par Joshua Nkomo, un syndicaliste ndébélé qui fait cause commune avec les leaders nationalistes noirs de Rhodésie du Nord et du Nyassaland, Kenneth Kaunda et Hastings Banda.
5. Naissance des mouvements nationalistes noirs
Le mouvement de protestation contre le pouvoir fédéral blanc grandissant au sein de la population noire, les trois nationalistes sont arrêtés, mais l'agitation persiste cependant. La Fédération est finalement dissoute en 1963, à l'issue d'une conférence tripartite : un an après, sous le nom respectivement de Zambie et de Malawi, la Rhodésie du Nord et le Nyassaland accèdent à l'indépendance.
Encore sous domination britannique, mais bénéficiant
d'une importante autonomie, la Rhodésie du Sud entre alors dans une
période de prospérité, laquelle profite principalement à la minorité
européenne.
L'opposition noire connaît à cette époque des
tensions internes, qui aboutissent, en 1963, à la scission du parti de
J. Nkomo, rebaptisé Union du peuple africain du Zimbabwe (ZAPU) : la
branche dissidente donne alors naissance à l'Union nationale africaine
du Zimbabwe (ZANU), dirigée par le pasteur Ndabaningi Sithole.
6. La Rhodésie de Ian Smith (1965-1980)
Aux élections de 1965, boycottées par les deux partis nationalistes noirs, le Front rhodésien – qui a succédé au parti du Dominion – remporte les 50 sièges du premier collège, réservé aux Européens. Fort de cette victoire, le nouveau Premier ministre, le leader du Front rhodésien Ian Smith, réclame l'indépendance de son pays à la Grande-Bretagne, qui refuse de la lui accorder tant que les Noirs ne seront pas associés plus largement au pouvoir.
Mais I. Smith proclame unilatéralement l'indépendance
de la Rhodésie, le 11 novembre 1965. L'ONU impose alors des sanctions
économiques : tout commerce avec la Rhodésie est interdit, mais
l'Afrique du Sud et le Portugal, ignorant le blocus, permettent malgré
tout au pays de connaître une période de développement industriel.
En 1970, après de vaines négociations avec Londres,
le gouvernement Smith proclame la république. La création d'un nouvel
ANC, en 1971, à l'initiative d'un ecclésiastique, Monseigneur Muzorewa,
renouvelle le paysage politique de l'opposition noire. La ZAPU et la
ZANU se rallient au nouveau parti. De vaines négociations se poursuivent
alors, tant avec Londres qu'entre I. Smith et l'ANC, tandis qu'une aile
dissidente de la ZANU commence à s'organiser au Mozambique sous la
direction de Robert Mugabe (un Shona).
L'insécurité dans les zones rurales, entretenue par
les maquisards des mouvements de libération, devient alors endémique.
J. Nkomo, soutenu par l'URSS, et R. Mugabe, appuyé par la Chine,
décident de s'allier au sein d'un Front patriotique. Finalement, à
Salisbury, sous la pression conjointe de Londres et de Washington, un
gouvernement de transition est formé en 1978 ; regroupant en son sein
I. Smith et Monseigneur Muzorewa, il est chargé de préparer le transfert
du pouvoir à la majorité noire.
Pour finir, en 1979, le gouvernement britannique
réunit à Londres une conférence qui finalise le processus
d'indépendance. Aux élections multiraciales de février 1980, la ZANU de
R. Mugabe l'emporte sur la ZAPU de J. Nkomo. Ce dernier est néanmoins
nommé ministre de l'Intérieur dans le gouvernement formé par R. Mugabe.
La Rhodésie accède à l'indépendance, sous le nom de Zimbabwe, le
18 avril 1980. La nouvelle Constitution réserve 20 sièges à la minorité
blanche dans l'Assemblée nationale.
7. Le Zimbabwe indépendant
7.1. Opposition entre les deux mouvements nationalistes noirs (1982-1983)
La cohabitation entre R. Mugabe et J. Nkomo s'avère vite délicate.
Après des troubles graves au Matabeleland, ayant
provoqué l'intervention de l'armée (1982-1983), J. Nkomo s'exile pendant
plusieurs mois. Après son retour, l'alliance entre la ZANU, à majorité
shona, et la ZAPU, essentiellement ndébélée, est cependant reconduite,
avec la création de la ZANU-PF (Patriotic Front), qui tient son premier
congrès en 1984, préconisant le système du parti unique. La ZAPU et la
ZANU ne fusionnent pas pour autant, et leurs factions respectives
s'affrontent à nouveau au Matabeleland, entraînant l'arrestation de
plusieurs dirigeants de la ZAPU.
7.2. Robert Mugabe président de la République
En 1987, les 20 sièges réservés aux Blancs (dont 15 étaient revenus au nouveau parti formé par I. Smith aux élections de 1986) sont supprimés. Un régime présidentiel est instauré, et R. Mugabe devient président de la République. En 1988, la ZAPU et la ZANU finissent par fusionner, et, un peu plus tard, un second poste de vice-président est créé et attribué à J. Nkomo. La même année, un parti d'opposition, le Mouvement de l'unité du Zimbabwe (ZUM), est créé par Edgar Tekere.
La ZANU-PF remporte la quasi-totalité des sièges aux
élections de 1990, deux seulement revenant à la ZUM. E. Tekere obtient
cependant 16 % des voix à l'élection présidentielle, contre 72 % à
R. Mugabe. En 1991, le président renonce publiquement à son intention
d'instaurer un régime de parti unique.
En 1992, le régime, qui est périodiquement secoué par
des affaires de corruption retentissantes, amorce un programme de
redistribution des terres en faveur des paysans noirs, par une loi qui
prévoit l'expropriation contre indemnités des Blancs propriétaires de
grandes fermes « commerciales » – 4 500 fermes, qui représentent la
moitié des surfaces cultivables et produisent une part prépondérante des
exportations agricoles.
Les élections législatives d'avril 1995, boycottées
par le ZUM et d'autres petits partis d'opposition – la participation
électorale se réduit à 54 % –, sont de nouveau remportées par la
ZANU-PF. Le président Mugabe, réélu avec 92 % des voix en mars 1996
contre Monseigneur Muzorewa et N. Sithole (qui se retire juste avant le
vote), ne doit son succès qu'à une participation électorale encore plus
faible qu'aux législatives. La ZANU-PF renonce peu après au
marxisme-léninisme, alors que de nouveaux scandales financiers secouent
le régime. Celui-ci, soucieux de revaloriser son image auprès de la
population, annonce son intention de procéder à l'expropriation sans
indemnités de 1 500 fermes « commerciales » européennes.
7.3. Tensions sociales sur fond de crise économique
La situation économique est alors inquiétante, avec une dette extérieure considérable et un fort taux de chômage. La pression fiscale s'accentue, notamment à la suite des mesures d'indemnisation décidées en faveur des anciens guérilleros des mouvements de libération, ce qui a donné lieu à des grèves très suivies. La hausse des prix des produits de base a provoqué des émeutes, et, en janvier 1998, l'armée a dû intervenir pour rétablir l'ordre à Harare et en province.
Le remariage, en 1996, du président Mugabe avec sa
secrétaire – de quarante ans sa cadette –, l'inculpation de N. Sithole
en 1997 pour complot, la comparution en justice, en 1998, de l'ancien
président Canaan Banana pour viol homosexuel, tous ces événements
contribuent à entretenir une atmosphère de malaise dans le pays.
R. Mugabe subit son premier revers important lors du référendum
constitutionnel – visant à consolider ses pouvoirs – qu'il organise en
février 2000. Ce projet est repoussé par plus de 54 % des votants, ce
qui constitue un sérieux avertissement pour le président à deux mois des
élections législatives.
7.4. Le Zimbabwe, acteur régional
En dépit des difficultés rencontrées, le Zimbabwe a su jouer un rôle non négligeable dans la région. Dès son indépendance, il a rejoint les pays « de la ligne de front » (avec l'Angola, le Mozambique, la Tanzanie, la Zambie et le Botswana), ligués contre le régime d'apartheid sud-africain. Malgré les préférences de la ZANU de R. Mugabe pour le Congrès panafricain d'Afrique du Sud, aux dépens de l'ANC, le président du Zimbabwe n'en a pas moins salué en 1990 la libération de Nelson Mandela.
Le Zimbabwe a par ailleurs soutenu le régime mozambicain des présidents Samora Machel et Joaquim Chissano contre les guérilleros du mouvement rebelle de la RENAMO.
Enfin, en août 1998, il décide d'intervenir avec
l'Angola et la Namibie en République démocratique du Congo dans le
conflit qui oppose le président Laurent-Désiré Kabila à la rébellion
congolaise, soutenue par l'Ouganda et le Rwanda. Mais l'effort de guerre
pèse lourdement sur une population déjà très pauvre, opposée dans son
ensemble à l'intervention armée en RDC et l'armée zimbabwéenne se retire
finalement en novembre 2002.
8. Une nation en ruine
8.1. Crise politique et économique
Au lendemain de l'échec du référendum constitutionnel de février 2000, l'adoption par le Parlement d'une loi autorisant les expropriations des fermiers blancs sans indemnisation, plonge le pays dans une crise politique et économique profonde. La violence des expropriations, attisée par le régime, entraîne plusieurs dizaines de morts – des fermiers blancs mais également des militants noirs du principal parti d'opposition, le MDC (Movement for Democratic Change, Mouvement pour le changement démocratique), créé en 1999 par le syndicaliste Morgan Tsvangirai. 4 500 fermiers blancs sont expulsés et leur terres redistribuées, le plus souvent, à des membres de la nomenklatura, dirigeants de la ZANU-PF ou des proches de la famille Mugabe ; en outre, faute de moyens (notamment de semences), la plupart des petits exploitants ne peuvent faire fructifier la terre dont ils viennent d'hériter ; le pays, privé d'agriculture, sombre dans la pénurie alimentaire.
En septembre 2001, à l'issue de négociations menées sous l'égide du Commonwealth et avec la médiation du président nigérian Olusegun Obasanjo,
le Zimbabwe s'engage à mettre fin à l'occupation illégale des terres
appartenant à des fermiers blancs et aux violences politiques. La
Grande-Bretagne, en contrepartie, accepte de financer une réforme
agraire. À l'issue des élections de juin 2000 (marquées par un taux de
participation de l'ordre de 60 %), la ZANU-PF conserve la majorité
absolue au Parlement (61 sièges sur 120), en dépit d'une percée
remarquable du MDC qui remporte 58 sièges. Grâce à un amendement
constitutionnel accordant au chef de l'État le privilège d'octroyer
30 sièges supplémentaires à sa convenance, la ZANU-PF est assurée de
conserver la majorité dans l'unique Chambre parlementaire du pays. En
revanche, le MDC est à même d'empêcher toute modification de la
Constitution.
8.2. L'usage de la répression contre l'opposition
L'élection présidentielle de mars 2002 fournit au régime le prétexte pour la mise en place d'un vaste arsenal répressif limitant l'accès aux médias et interdisant tout financement en provenance de l'étranger, assimilant toute contestation du régime à un acte « d'insurrection, de banditisme et de terrorisme » ; excluant des urnes des centaines de milliers de résidents à l'extérieur du pays et refusant la présence dans le pays d'observateurs internationaux. Dans ce contexte, la réélection de R. Mugabe est acquise dès le premier tour avec 56,2 % des voix ; son rival, M. Tsvangirai, inculpé dix jours avant le scrutin de « haute trahison » pour complot contre le chef de l'État, obtient 42 % des voix.
Dénigrant les contestations du MDC qui déclare le
scrutin « illégitime », le régime renforce sa répression en faisant
assassiner plusieurs opposants ; au cours de l'année 2003, le MDC lance
un mouvement de grèves et de manifestations suivi par un nombre de plus
en plus grand de contestataires touchés par la crise économique (pénurie
des produits de première nécessité, inflation, chômage), le sida ou les
exactions commises par le régime.
En 2004, le MDC lance une nouvelle campagne
d'« actions de masse » contre le pouvoir dans une contexte de désastre
économique. Alors que le gouvernement déclare ne plus avoir besoin de
l'aide internationale dont il dépend depuis 2001, le MDC l'accuse de
vouloir utiliser la nourriture comme arme électorale à l'approche des
législatives de mars 2005. À l'issue d'une campagne dénuée d'incidents,
celles-ci sont une nouvelle fois remportées par la ZANU-PF, qui obtient
la majorité absolue au Parlement ; le MDC dénonce une « mascarade
électorale ».
8.3. Sanctions internationales
Le Zimbabwe est soumis à une série de sanctions. Suspendu du Commonwealth en mars 2002, il se retire volontairement de l'organisation en 2003 pour riposter à la prolongation de sa suspension. Depuis 2002, ses hauts responsables sont interdits de séjour sur le sol de l'Union européenne, des États-Unis, de la Suisse et du Japon ; leurs avoirs sont gelés depuis 2003 par les États-Unis qui, en 2005, incluent le Zimbabwe dans la liste des « avant-postes de la tyrannie ».
Jusqu'à présent ménagé par les pays membres de la
Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), pour lesquels
R. Mugabe jouit du statut de champion de la libération et de la lutte
contre le néocolonialisme, le Zimbabwe est condamné en décembre 2005 par
l'Union africaine,
qui dénonce dans l'opération « Murambatsvina » une violation manifeste
des droits de l'homme : en mai 2005, le régime avait ordonné la
destruction de quartiers entiers de bidonvilles aux alentours de la
capitale, Harare, ainsi qu'en province, sous prétexte de vouloir mettre
fin à l'insalubrité et aux multiples trafics ; plus 700 000 personnes
ont été jetées à la rue.
9. Une alternance démocratique manquée
9.1. Vers un partage du pouvoir
Pour la première fois depuis 1980, la ZANU-PF
(97 sièges) perd les élections législatives au profit du MDC
(99 sièges), tandis que le MDC-M d'Arthur Mutambara, une autre formation
de l'opposition, dissidente du MDC, en totalise 10. Le MDC revendique
la victoire de son leader, M. Tsvangirai, au premier tour du scrutin
présidentiel. Malgré l'appel au calme de la SADC, l'opposition et le
pouvoir se lancent dans une bataille de procédure autour des résultats
présidentiels.
L'annonce des résultats officiels – 47,9 % des
suffrages pour M. Tsvangirai contre 43,2 % à R. Mugabe – déclenche une
campagne de violence et contraint le leader de l'opposition à renoncer à
se présenter au second tour pour ne pas mettre en danger la vie de ses
partisans. Au terme d'une parodie de scrutin – auquel l'ensemble de la
communauté internationale dénie toute légitimité –, R. Mugabe, âgé de
84 ans dont 28 à la tête du pays, est déclaré réélu pour un sixième
mandat.
Afin de sortir le pays de la profonde crise
politique, économique et sociale dans laquelle il se trouve, le
président sortant et son ex-opposant, M. Tsvangirai, signent le
21 juillet sous les auspices de l'Union africaine un accord fixant le
cadre de négociations, qui débouchent, grâce à la médiation du président
Mbeki, sur un accord de partage du pouvoir (Accord politique global,
GPA) le 15 septembre 2008. Selon cet accord, R. Mugabe demeure à la tête
de l'État, l'ex-syndicaliste M. Tsvangirai est nommé à la fonction
nouvelle de Premier ministre. Après onze mois de crise, un gouvernement
d'union nationale, dirigé par M. Tsvangirai, est formé le 13 février
2009.
9.2. Une cohabitation sous tension
La conséquence majeure de l’accord politique de septembre 2008 est l’amélioration de l’environnement économique. Le gouvernement met tout d’abord fin à l’hyperinflation en introduisant un régime à multiples devises ; la croissance reprend, atteignant environ 9 % en 2010-2011, grâce à une conjoncture internationale favorable au secteur minier et à une augmentation de la production agricole ; la sécurité alimentaire s’améliore également ainsi que certains indicateurs sociaux malgré des taux de pauvreté et de chômage très élevés.
En revanche, outre le désaccord quant à la poursuite
de la politique d’« indigénisation » des entreprises, décidée par le
président en 2011, qui pourrait faire fuir les investissements
étrangers, les discussions entre les deux camps pour appliquer les
clauses politiques et institutionnelles du GPA piétinent, en particulier
en ce qui concerne la réforme constitutionnelle et l’ouverture des
médias au pluralisme. La ZANU-PF et les appareils de l’État, toujours
contrôlés par les partisans du président Mugabe, résistent à un partage
effectif du pouvoir, le MDC, dont les militants continuent d’être
intimidés ou physiquement menacés, accusant ses adversaires d’avoir mis
en place un véritable gouvernement parallèle.
Si la tentative de Mugabe d’avancer la date du
scrutin en 2011 est mise en échec par M. Tsvangirai, fort du soutien de
la SADC, les conditions pour des élections libres et transparentes ne
sont pas encore réunies alors que le parti présidentiel, se préparant
aux prochaines échéances électorales mais en proie aux rivalités entre
factions, confirme son soutien à son vieux leader lors de son congrès
organisé en décembre.
9.3. La reconduction de R. Mugabe
En mai 2013, après avoir été approuvée par référendum, une nouvelle Constitution entre finalement en vigueur. Relativement libéral dans sa lettre et limitant notamment l’élection du président à deux mandats successifs, le nouveau texte est un préalable à l’organisation des élections générales qui se tiennent en juillet. Celles-ci sont cependant entachées d’irrégularités manifestes parmi lesquelles l’exclusion de nombreux électeurs des listes électorales rendues publiques la veille du scrutin.
Jugées pourtant globalement libres et crédibles par
les observateurs de la SADC et de l’UA, elles donnent plus des deux
tiers des sièges à la ZANU-PF tandis que R. Mugabe est réélu pour cinq
ans avec 61 % des voix contre 34 % à M. Tsvangirai qui, après avoir
dénoncé la fraude, doit renoncer à contester les résultats devant la
justice. Surmontant les réticences du Botswana, seul État de la région à
mettre en cause la sincérité du scrutin, la SADC apporte son soutien et
sa caution à R. Mugabe en l’élisant à sa vice-présidence et en appelant
à une levée des sanctions internationales. Après une cérémonie
d’investiture boycottée par l’opposition, le plus vieux chef d’État en
Afrique (89 ans et 33 ans au pouvoir) entame son sixième mandat le
22 août.