
Le Honduras
Capitale: Tégucigalpa
Agrandir le plan | |||||||||
Nom officiel: République du Honduras Population: 8 598 561 habitants (est. 2014) (rang dans le monde: 93) Superficie: 112 090 km. car. Système politique: république constitutionnelle démocratique Capitale: Tégucigalpa Monnaie: lempira PIB (per capita): 4 800$ US (est. 2013) Langues: espagnol, dialectes amérindiens Religions: catholiques romains 97%, protestants 3% | |||||||||
Impressions du Honduras
|
Liens utiles
University of Texas Libraries: site très complet pour des cartes variées d'un pays et de ses composantes.
|
CIA World Factbook: une mine de données, tenues à jour, concernant l'histoire, la géographie, la population, l'organisation administrative et politique, l'économie, les communications, les transports, etc. (en anglais). Les données publiées plus haut proviennent de ce site.
L'aménagement linguistique dans le monde: un tour d'horizon complet de la situation linguistique au Honduras, le tout mis en contexte. Organisation mondiale de la santé (OMS): le point sur les questions de santé au Honduras. Perspective Monde - Honduras: outil pédagogique des grandes tendances mondiales depuis 1945, développé par l'Université de Sherbrooke. |
GÉOGRAPHIEC'est un pays souvent montagneux et forestier, au climat tropical, dont le café et la banane constituent les ressources essentielles. Le maïs est la base de l'alimentation. La population, métissée, s'accroît rapidement. L'économie a été dévastée par le passage d'un cyclone en 1998.1. Le milieu physiqueLa majeure partie du pays est montagneuse : 70 % du territoire sont à plus de 300 m d'altitude et 55 % à plus de 600 m. Le pays est à peu près dépourvu de façade pacifique, un étroit passage lui donnant simplement accès au golfe de Fonseca. Il est par contre largement ouvert sur la mer des Antilles, mais par un littoral bas et très peu peuplé jusqu'à une époque récente. Il est coupé, du nord au sud, par une dépression structurale, la « dépression du Honduras », allant de la région caraïbe (ríos Ulúa et Chamelecón) à la façade pacifique (golfe de Fonseca), par le haut bassin de Comayagua.2. Population et activitésLe Honduras est à la fois l'un des plus étendus et l'un des moins peuplés des États d'Amérique centrale. Sa population, surtout rurale, est fortement métissée : ainsi, 70 % des Honduriens sont des métis de Blancs et d'Amérindiens, ces derniers représentant encore 20 % de la population. Le pays connaît une croissance démographique relativement soutenue, de l'ordre de 2,1 % par an, avec un indice de fécondité supérieur à 3,3 enfants par femme. La répartition de la population sur le territoire est inégale. Les plaines du Honduras caraïbe, à l'ouest, concentrent plus de 25 % de la population. Elles s'opposent au Honduras intérieur, peu peuplé, qui accueille seulement 8 % des habitants sur près de la moitié de la superficie du pays. Les bassins du Honduras intérieur, avec leur climat chaud et sec, et leur végétation de forêts claires savanisées, se prêtent bien à l'élevage bovin extensif, qui occupe les meilleures terres. Mais cette activité participe au défrichement sauvage de la région, facteur de dégradation du milieu forestier, qui constitue pourtant une ressource économique majeure. C'est également dans cette région, où s'établirent les principaux centres de peuplement colonial, que l'on exploite encore les mines d'argent et de zinc qui avaient attiré jadis les conquérants espagnols. Celles-ci ne fournissaient plus, cependant, que 4 % des exportations à la fin des années 1980.
Le Honduras caraïbe est économiquement plus actif. Il
représente à lui seul entre 30 et 40 % des exportations en valeur,
grâce à la monoculture de la banane développée par les compagnies
nord-américaines United Brands et Standard Fruit Company. Les
plantations bananières ont donné naissance à la zone la plus
entreprenante du pays : la vallée de l'Ulúa, avec San Pedro Sula,
deuxième ville hondurienne mais premier centre industriel et bancaire,
et Puerto Cortés, le principal port. La diversification des activités
agro-industrielles et les investissements étrangers assurent aujourd'hui
la croissance de cette partie du pays et renforce son intégration
régionale, grâce notamment à l'existence d'un système cohérent
d'infrastructures de transport. Outre la banane (un tiers des
exportations contre 80 % vers 1950), le pays produit également du café
(20 % des surfaces cultivées), des fruits tropicaux (ananas), du coton,
du maïs et du sucre. Deux barrages assurent l'essentiel de la production
d'électricité : El Cajón et Yojoa-Río Lindo.
L'agriculture, avec 39 % des emplois, et l'industrie
du bois (nationalisée depuis 1974) fournissent l'essentiel des ventes à
l'étranger. L'exportation des crustacés (crevettes, homards, etc.) s'est
également développée depuis quelques années. Les latifundia et les
plantations assurent la production des cultures commerciales, les
petites exploitations, celle des cultures vivrières. Dans tous les
départements montagneux, surtout dans le Sud, subsiste une agriculture
paysanne archaïque qui vise à l'autosubsistance.
Après une solide expansion économique entre 1976 et
1979, due à la hausse mondiale des prix du café, le Honduras a affronté
une grave crise économique. La reprise est intervenue au milieu des
années 1980 avec une forte augmentation des exportations de café. Avant
les ravages de l'ouragan Mitch (octobre-novembre 1998), la croissance
était d'environ 4 % par an.
3. Les problèmes économiques![]()
Prototype de la « république bananière » minée par la
corruption, le Honduras connaissait avant le passage dévastateur de
l'ouragan Mitch en octobre 1998 (responsable de la mort ou de la
disparition de près de 6 000 Honduriens) un taux de chômage d'environ
30 %, une inflation élevée (20 %) et une forte pauvreté, qui touche près
de 71 % de la population, dont 55 % vivent dans l'indigence. Touché par
la crise économique, le pays était déjà très fortement endetté tandis
que le capital étranger contrôlait toutes les branches de l'économie
hondurienne et que le Fonds monétaire international (F.M.I.) exerçait
une pression constante pour obtenir les privatisations des services
publics et la restructuration de la dette extérieure (108 % du P.I.B.).
L'assainissement et la diversification de l'économie
hondurienne sont aujourd'hui compromis par les conséquences désastreuses
des pluies diluviennes qui se sont abattues sur le pays et par la
faiblesse de l'industrie, qui reste une cause structurelle de
sous-développement.
HISTOIRE1. Le Honduras précolombien et la colonisation1.1. Copán, cité mayaPeuplé depuis environ 22 000 ans, le territoire du Honduras actuel recèle la deuxième métropole maya après Tikal (au Guatemala), Copán qui s'épanouit pendant la période classique, entre le iiie et le xe siècle.
Pour en savoir plus, voir l'article Mayas.
1.2. La conquête espagnoleC'est Christophe Colomb qui baptise les côtes du Honduras (Hondura, « profondeur ») lors de son quatrième voyage, en 1502. La conquête espagnole entamée en 1523, à laquelle participe le conquistador Hernán Cortés (1525-1526), se heurte à la résistance des Amérindiens Miskitos. Comayagua, où sont découverts des gisements d'or et d'argent, est fondée en 1537 et restera capitale jusqu'en 1880. Un soulèvement amérindien (1537-1538) mené par le chef des Lencas, Lempira, ébranle un temps la colonisation européenne. Le pays est intégré dans la Capitainerie générale de Guatemala (créée en 1544), dépendante de la vice-royauté de Mexico.
L'exploitation des mines d'argent commence vers 1530
et utilise des milliers d'indigènes soumis au travail forcé, rapidement
remplacés par l'importation d'esclaves noirs d'Afrique. Mais, par manque
de capitaux, l'exploitation des mines d'or, d'argent et de cuivre ne
pourra se développer comme dans d'autres colonies espagnoles.
Pour en savoir plus, voir l'article colonisation.
2. Des tentatives contrariées d'union et une indépendance mouvementéeLe début du xixe siècle est marqué en Amérique centrale par divers soulèvements et guerres civiles entre libéraux et conservateurs. Indépendant en 1821, le Honduras fait partie de l'Empire mexicain d'Iturbide (1821-1823) puis devient membre de la Fédération des Provinces-Unies de l'Amérique centrale (1824-1838). En décembre 1825, il promulgue sa propre Constitution. À partir de 1830, la fédération est dirigée par le libéral hondurien Francisco Morazán. Mais ce dernier est battu par les conservateurs en 1838, date à laquelle le Honduras quitte la fédération et devient réellement indépendant. Toutefois, dans les faits, la côte du Honduras est sous le contrôle des Britanniques et échappe à l'autorité hondurienne. L'idée de fédération est relancée à plusieurs reprises entre les cinq pays d'Amérique centrale (Nicaragua, Honduras, Guatemala, Salvador, Costa Rica).2.1. Rivalités entre oligarchies localesDe la fin du xixe siècle au milieu du xxe siècle, le pays est agité par les rivalités entre les différentes oligarchies locales, qui entretiennent un climat de guerre civile : aux 98 changements de gouvernement entre 1824 et 1900 succèdent 14 gouvernements et 159 soulèvements armés de 1900 à 1933. La dernière guerre civile se produit en 1924. Parallèlement, le Honduras subit l'emprise de l'United Fruit Company (UFC), propriétaire des grandes bananeraies, ainsi que d'autres compagnies américaines.
Dans la seconde moitié du xxe siècle,
des structures interétatiques se mettent en place : les cinq États
d'Amérique centrale s'unissent en 1951 dans l'Organisation des États
centraméricains (ODECA), puis en 1960 (en 1962 pour le Costa Rica) dans
le Marché commun centraméricain (MCCA). Une Banque centraméricaine
d'intégration est créée en 1961. Ces structures se délitent lors de la
guerre entre le Salvador et le Honduras en 1969.
2.2. La « guerre du football » avec le Salvador (juillet 1969)Les origines de ce conflit sont à chercher dans l'émigration de nombreux Salvadoriens, poussés par la forte croissance démographique de leur pays, vers les terres du Honduras sous-peuplé. En 1954, les ouvriers de l'UFC obtiennent le renvoi de travailleurs salvadoriens, qui formaient 15 % de la main-d'œuvre des plantations. En 1969, avec la crise du MCCA et le développement d'un puissant mouvement paysan, le contentieux se transforme en une guerre entre les deux pays.
La « guerre des cent heures », ou « guerre du
football », se solde par le retour d'une partie des travailleurs
salvadoriens chez eux, après une victoire militaire du Salvador qui a
coûté la vie à 3 000 Honduriens. Les rancœurs nées de ce conflit
connaissent un début d'apaisement avec la signature en 1980 d'un traité
de paix incluant une importante collaboration militaire entre les deux
pays.
2.3. La paix régionaleLa paix régionale se construit à partir de 1987 par une série d'accords (1987 et 1989) entre le Honduras et ses quatre voisins. Lors de l'accord Esquipulas II (1987), on a vu renaître un projet de Parlement centraméricain.3. Le Honduras dans la zone d'influence américaine3.1. L'interventionnisme américainL’influence des États-Unis dans le pays est manifeste pendant tout le xxe siècle. La domination économique des Nord-Américains date de la fin du xixe siècle, d'abord dans le domaine de l'extraction des métaux, puis dans l'industrie bananière : en 1895, la New York and Honduras Rosario Mining Company contrôle 90 % de la production minière. L'établissement de l'UFC s'opère à la même époque.
À plusieurs reprises, au nom de la doctrine interventionniste de Theodore Roosevelt,
les États-Unis interviennent au Honduras pour « rétablir l'ordre »
(1903, 1905, 1919 et 1924). Les compagnies fruitières accroissent
progressivement leur emprise dans tous les secteurs de l'économie,
jusqu'à exercer un contrôle total sur la vie économique et politique du
pays. Ainsi, l'UFC contrôle tout le circuit de la banane : plantation,
transport, communication. En échange de la construction de routes, la
compagnie reçoit de gigantesques concessions de terres. Aujourd'hui, les
deux grandes sociétés bananières sont l'United Brands (UFC rebaptisée)
et la Standard Fruit.
3.2. Le Honduras, base arrière des États-Unis en Amérique centraleÀ partir des années 1950, l'aide qu'apportent les États-Unis à la modernisation du pays va de pair avec une domination accrue des politiques intérieure et extérieure. Le Honduras est en effet une pièce majeure du dispositif militaire américain en Amérique centrale. Par sa situation géographique, le pays garantit la stabilité régionale : dans les années 1970 et 1980, il constitue une base arrière pour les Américains dans le cas d'une agression cubaine ou nicaraguayenne et empêche la guérilla salvadorienne d'utiliser son territoire. Le Honduras sert surtout de sanctuaire pour la Contra antisandiniste : l'aide militaire passe alors de 4 millions de dollars en 1980 à 65 millions en 1984. Cette militarisation poussée a également permis de contenir la guérilla intérieure (Front morazaniste de libération nationale, FMLN ; Front morazaniste de libération du Honduras, FMLH) comme dans les autres pays d'Amérique centrale. Ce n’est que dans les années 1990 que l’emprise américaine se desserre quelque peu avec la normalisation de la situation au Nicaragua et au Salvador. Les liens avec les États-Unis, premier partenaire commercial et créancier, reste cependant étroits.4. Le rôle des militaires et les tentatives de réforme agraireLe Honduras connaît plusieurs périodes de dictature : Policarpo Bonilla (1894-1899), Miguel Dávila (1907-1911), Tiburcio Carías Andino (1933-1948), qui impose pendant quinze ans la loi martiale et interdit tous les partis, Julio Lozano Díaz (1954-1956).
Juan Manuel Gálvez (1949-1954), chef du parti
national, élu à la suite de T. Carías Andino, modernise le pays en
encourageant l'élevage, la culture du café et du coton, et trouve des
capitaux pour construire des routes et des barrages. Il insuffle une
relative démocratisation.
1954 est l'année de l'« explosion sociale », qui
touche les travailleurs des bananeraies. En mai, 40 000 travailleurs
refusent de reprendre le travail. Les premiers syndicats légaux sont
alors fondés et des augmentations substantielles de salaires sont
obtenues. En juin, les étudiants manifestent contre l'invasion du
Guatemala par les États-Unis.
Le président libéral Ramón Villeda Morales,
régulièrement élu en 1957, est accusé de communisme et renversé en 1963
par le colonel (plus tard général) Osvaldo López Arellano, conservateur,
qui fait adopter une nouvelle Constitution en 1965. Le gouvernement
démocratiquement élu de Ramón Cruz Uclés, du parti national, qui lui
succède en 1971, est renversé dès 1972 par O. López Arellano. Une junte
militaire commandée par le colonel Policarpio Paz García s'empare du
pouvoir en 1978.
Les militaires renforcent les liens économiques entre
le Honduras et les États-Unis d'Amérique par deux importants
programmes : un projet visant à hisser le Honduras au rang de premier
producteur de papier du continent et le barrage d'El Cajón.
Le premier essai de réforme agraire a été entrepris
par le libéral R. Villeda Morales. Après sa destitution (1963), les
militaires tentent à leur tour à mettre sur pied une politique de
réforme agraire. Dans les années 1970, le général López Arellano prévoit
de remettre en cinq ans 600 000 hectares à 120 000 familles paysannes.
Le Plan national de réforme agraire (PNRA) suscite une violente
opposition chez les grands propriétaires et les compagnies
multinationales, puisque son application entraînerait la nationalisation
d'une partie des terres et leur redistribution. Cette opposition
parviendra à stopper la mise en œuvre de ce plan.
En 1977, le projet de réforme agraire du général Juan
Melgar Castro (1975-1978) prévoit uniquement la colonisation de régions
désertées. Dans les années 1980, la redistribution des terres continue,
mais elle touche essentiellement celles appartenant à l'État. En mars
1992, une loi de modernisation de l'agriculture est promulguée : elle
permet la vente des terres nationales, ou ejidales. Elle affecte en particulier les 2 500 coopératives, et plusieurs groupes de paysans sont expulsés.
La « question paysanne » reste ainsi en suspens et
les paysans sans terre, qui s'organisent au sein d'un Front d'union
nationale menant des « marches de la faim », continuent à se heurter aux
grands propriétaires.
5. Pacification régionale et première alternance démocratiqueLes dictatures militaires au Honduras ne se sont jamais transformées en États terroristes comme dans le reste de la région : les syndicats ouvriers ne sont pas interdits, les organisations paysannes demeurent légales et la répression terroriste est absente. Le pays connaît cependant de nombreux assassinats politiques et un important trafic de drogue.
État tampon entre le Nicaragua et le Salvador, le
Honduras a servi de camp de repli aux réfugiés des diverses guerres
centraméricaines, notamment à la Contra. Il a aussi un différend avec le
Salvador concernant un territoire situé le long de la frontière de
l'île de Meanguera, dans le golfe de Fonseca ; ce litige est réglé
septembre 1992 par la Cour internationale de justice (CIJ).
En janvier 1982, une fois le régime constitutionnel
rétabli, Roberto Suazo Córdova, chef du parti libéral, devient président
de la République. Un autre libéral, José Simón Azcona del Hoyo, lui
succède en novembre 1985. La première alternance démocratique intervient
fin 1989, avec la victoire à l'élection présidentielle du candidat du
parti national (conservateur, soutenu par l'armée), Rafael Leonardo
Callejas Romero. Sous la pression du chef de l'État, les réfugiés
quittent peu à peu le Honduras à la fin du conflit au Nicaragua.
6. La démilitarisation : dernière étape de la normalisation du régimeEn novembre 1993, le libéral Carlos Roberto Reina Idiáquez remporte l'élection présidentielle. Après sa prise de fonctions en janvier 1994, il organise une commission anticorruption et réduit considérablement le budget militaire, qui absorbait jusqu'à 20 % du budget national. Malgré des conséquences sociales difficiles, engendrées par l'application stricte du plan d'ajustement imposé par le Fond monétaire international (FMI) depuis 1990, le parti libéral remporte une nouvelle fois l'élection de novembre 1997 au travers de son candidat Carlos Roberto Flores Facussé.
Entré en fonctions en janvier 1998, le nouveau
président va connaître une première année de mandat difficile. En effet,
l'ouragan Mitch, qui a dévasté une partie de la Caraïbe et de
l'Amérique centrale fin octobre-début novembre 1998, laisse le pays
exsangue. Néanmoins, une étape importante est franchie en direction de
la démilitarisation du régime : en septembre 1998, le Congrès adopte une
réforme constitutionnelle supprimant le poste de commandant en chef des
armées, qui est remplacé par un ministre de la Défense placé sous
l'autorité politique du chef de l'État. En janvier 1999, le président
nomme un civil à ce poste, fermant la longue parenthèse (plus de
trente-cinq années) où l'autonomie des militaires était presque
complète.
Au niveau régional, les relations avec le Nicaragua
se dégradent considérablement après la ratification par l'Assemblée, fin
1999, de l'accord signé en 1986 par le Honduras et la Colombie fixant
leur frontière au 15e parallèle Nord, retirant du même coup près de 30 000 km2 au Nicaragua. En avril 2001, le Honduras et le Nicaragua décident de porter leur différend devant la CIJ.
En novembre 2001, Ricardo Maduro Joest remporte
l'élection présidentielle. C'est la deuxième victoire du parti national
depuis la démocratisation du pays au début des années 1980. La lutte
contre l'insécurité (entretenue notamment par les « maras », gangs armés
issus des ghettos américains et financés par le crime organisé)
constitue l'une des priorités du nouveau chef de l'État.
7. La crise institutionnelle de 2009En novembre 2005, Manuel Zelaya Rosales, candidat du parti libéral (PL), qui obtient la majorité au Congrès, remporte d'extrême justesse l'élection présidentielle à l'issue d'un scrutin contesté face à Porfirio Lobo Sosa, candidat du parti national (PN). Contre toute attente, ce prospère propriétaire terrien et homme d'affaires se rallie en 2008 à l'Alternative bolivarienne pour les Amériques tandis que la priorité est donnée à la lutte contre la pauvreté. Ce revirement lui vaut le soutien des syndicats et d'une partie de la population mais l'hostilité de la classe dirigeante y compris de son propre parti, et l'entraîne, finalement, dans une épreuve de force avec les principales institutions du pays.
Son projet de référendum en vue d'une réforme
constitutionnelle qui ouvrirait la voie à la réélection du président
envenime ses relations en juin 2009 : à l'issue d'un bras de fer avec le
Congrès qui juge cette consultation illégale, puis avec le chef
d'état-major des Armées, qui est limogé mais reçoit l'appui de ses pairs
et de la Cour suprême de Justice, M. Zelaya est écarté du pouvoir par
un coup d'État militaro-civil et expulsé sur le champ du pays.
Roberto Micheletti Baín, président du Congrès, lui
succède à la tête d'un gouvernement intérimaire tandis que les partisans
du président déchu (inculpé de haute trahison et de corruption) se
mobilisent dans le pays. Malgré les pressions de la communauté
internationale (dont la plupart des États d'Amérique latine), la
suspension du Honduras de participation à l’Organisation des États américains (OEA) en juillet, et la médiation du président costaricain, Oscar Arias, le gouvernement de facto refuse de rétablir dans ses fonctions M. Zelaya.
Le 21 septembre, ce dernier parvient pourtant à
rentrer clandestinement dans son pays, trouvant refuge dans l'ambassade
du Brésil. Après l’échec d’ultimes négociations, des élections générales
ont lieu dans un climat très tendu au mois de novembre.
La normalisation politiquePorfirio Lobo Sosa, candidat du parti national (PN), remporte l'élection présidentielle avec 56,56 % des suffrages face à Elvin Santos du parti libéral (38,09 % des voix), tandis que son parti s’impose avec 71 sièges sur 128 aux élections législatives et arrache 189 mairies sur 298 aux municipales. Mais le camp de M. Zelaya, qui a appelé à boycotter le scrutin, rejette ces résultats ainsi que l'estimation du taux de participation (61 %).
Si Washington reconnaît cette victoire comme une étape vers la résolution de la crise, les États d'Amérique latine, réunis au 19e
sommet ibéro-américain à Estoril (Portugal), restent très divisés sur
la question et se contentent de réclamer de nouveau le retour à l'ordre
constitutionnel. En tête des pays opposés à la reconnaissance de ces
élections figure notamment le Brésil. Toutefois, la situation se
normalise et la crise prend fin avec l'investiture officielle de
P. L. Lobo le 27 janvier 2010 après le vote d'une amnistie générale.
L'ex-président s’exile en République dominicaine.
Le rétablissement de relations diplomatiques avec la
trentaine de pays les ayant rompues après la crise de 2009, la reprise
de l’aide américaine qui avait été suspendue et les recommandations du
rapport de la « Commission Vérité » en vue d’une clarification des
prérogatives institutionnelles et de la réconciliation, sont autant
d’étapes vers la réintégration du Honduras au sein de la communauté
internationale au cours de l’année 2010.
En mai 2011, après un accord signé avec la médiation
de la Colombie et du Venezuela, l’ancien président M. Zelaya peut
regagner son pays ; il y fonde un nouveau parti, Liberté et Refondation
(Libre). Le Honduras est réadmis à l’OEA en juin. La situation
intérieure reste cependant marquée par une criminalité préoccupante liée
au trafic de stupéfiants, y compris dans les rangs de la police qui
doit être épurée, ainsi que par une violence politique dont les
journalistes sont les premières victimes (11 assassinats entre 2009 et
2011). À l’insécurité, la corruption et plusieurs scandales s’ajoute
l’augmentation du chômage et de la pauvreté, ce qui contribue à la
faible crédibilité dont bénéficie le président Lobo, alors qu’il aborde
la dernière année de son mandat.
C’est toutefois Juan Orlando Hernández, candidat du
parti national, qui remporte l’élection présidentielle de novembre 2013
avec 36,9 % des voix devant Xiomara Castro De Zelaya, épouse de
l’ancien président destitué (28,8 %). Se présentant comme le
continuateur du gouvernement précédent et s’engageant en priorité à
poursuivre la lutte contre la violence et l’insécurité, le nouveau chef
de l’État entre en fonctions le 27 janvier 2014.
C’est toutefois Juan Orlando Hernández, candidat du
parti national, qui remporte l’élection présidentielle de novembre 2013
avec 36,9 % des voix devant Xiomara Castro De Zelaya, épouse de l’ancien
président destitué (28,8 %). Se présentant comme le continuateur du
gouvernement précédent et s’engageant en priorité à poursuivre la lutte
contre la violence et l’insécurité, le nouveau chef de l’État entre en
fonctions le 27 janvier 2014.
|
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire