Nom officiel: Martinique Population: 402 000 habitants (est 2009, INSEE) Superficie: 1128km. car. Système politique: département et région d'outre mer de la France (DROM) Capitale (préfecture): Fort-de-France Monnaie: euro PIB (per capita): 27 000$ US (est. 2009) Langues: français (langue officielle), créole martiniquais parlé par 96% de la population Religions: catholiques romains 85%, protestants 10,5%, musulmans 0,5%, hindouistes 0,5%, autres 3,5% (1997)
Impressions de la Martinique
Il faut se rappeler que la Martinique - tout comme la Guadeloupe - sont des départements français d'outre-mer donc, ici, nous sommes bel et bien en France, et ça se sent.
La Martinique est une petite île qui fait 80 kilomètres dans sa plus grande longueur et un peu moins de 40 kilomètres dans sa plus grande largeur. Aucun point de l'île n'est à plus de 12 kilomètres de la mer. Ses 400 000 habitants jouissent d'un niveau de vie plus élevé que dans les îles voisines de Sainte-Lucie et de Dominique.
Cela n'a quand même pas empêché les sautes d'humeur sporadiques de la population martiniquaise (comme celle de la Guadeloupe, d'ailleurs). En 2009, par exemple, d'importantes manifestations, grèves et protestations contre la vie chère ont paralysé l'île pendant plus d'un mois.Il est vrai que tout est cher ici. À peu près tout vient de la métropole (comme on dit ici) et les prix seraient en moyenne 30% plus élevés qu'en France.La Martinique est un département français depuis 1946 et aussi une région française. Il existe sur place un mouvement indépendantiste assez vigoureux, mais le référendum de 2010 visant à donner un statut de plus large autonomie à la Martinique a été défait à près de 80%.Il faut savoir aussi que les ''békés'', une minorité de descendants de colons blancs, contrôlent encore largement les grands secteurs économiques. Ceci explique les liens économiques tissés très serrés avec la métropole au détriment d'un commerce peut-être plus naturel avec d'autres îles des Caraïbes ou même des états du sud des États-Unis.
Le rocher du Diamant
Fort-de-France, la ville principale, regroupe environ le quart de la population, soit près de 100 000 habitants. Nos impressions sont assez éloignées de ce qu'on lit ou entend sur cette ville mal-aimée. Nous avonsn plutôt aimé. On a bien vu que le soir et le week-end, presque tout est fermé. On n'a cependant pas vécu les bouchons de circulation qu'on dit plutôt costauds en semaine, à cause de la configuration de la ville mais aussi à cause du fort penchant des martiniquais pour l'automobile. On compte ici le plus grand nombre de voiture per capita de tous les départements français! Il faut dire aussi que les transports collectifs sont plutôt déficients. Mais le centre-ville historique de Fort-de-France est très joli, ses rues animées et agréables (le jour...) et le bord de mer bien aménagé.Le sud de la Martinique est le royaume des collines toutes en douceur, des champs de canne à sucre, des anses et des baies aux plages étroites, et des villages tranquilles à peine dérangés par le tourisme.
C'est la partie de l'île préférée des visiteurs, à cause de ses plages, bien sûr, mais aussi grâce à quelques villages - des bourgs, dit-on ici - qui ont su préserver un certain cachet : Sainte-Anne, tout près des Salines, la meilleure plage de l'île, Sainte-Lucie, avec son joli front de mer, Diamant, à cause de sa plage longue mais très étroite et la vue sur le rocher du Diamant, les Anses d'Arlet, avec sa promenade aménagée le long de la plage...
Matinik cé pli bel péyi...
Tous ces bourgs ont en commun une certaine torpeur que rien ne semble perturber. À part les restos, fréquentés surtout le midi, et les boutiques pour touristes, on a l'impression que les petites villes et villages de la Martinique sont désertés par leurs habitants.
La plupart des commerces ferment de 13 heures à 15 heures – donc, beaucoup de rideaux de fer baissés – et après 18 heures, il ne se passe plus rien. Le week-end, tout s'arrête dès le samedi midi. Pourtant, on a toujours beaucoup de difficultés à trouver un endroit pour garer sa voiture et les routes (excellentes) sont très fréquentées. Que font donc les gens une fois qu'ils ont quitté leur voiture?
La Martinique est verte, très verte, et des paysages de cartes postales jalonnent l'intérieur du pays tout autant que les côtes. Mais, nous avons quand même une préférence pour le nord, une région montagneuse à la végétation luxuriante, avec une côte plus déchiquetée et plus sauvage. Moins de plages ici, sauf peur-être celles, très jolies, de la presqu'île de la Caravelle, dans le nord-est. À l'intérieur des terres, lovés aux creux de montagnes, on découvre quelques villages charmants, dont le ravissant village de Ajoupa-Bouillon.
Au milieu de la partie nord de l'ïle trône la montagne Pelée, qui s'élève à près de 1 400 mètres. Ce magnifique volcan a l'air tout à fait inoffensif. Mais il a fait subitement éruption en 1902, sans prévenir, tuant tous les 28 000 habitants de la capitale économique et culturelle d'alors, Saint-Pierre, sur la côte ouest de l'île, en plus de faire quelques centaines d'autres victimes ailleurs.
Presqu'île de la Caravelle - Anse l'Étang
Aujourd'hui, Saint-Pierre, une de nos villes préférées de la Martinique, compte environ 5 000 habitants. On peut encore y voir quelques ruines laissées par la tragédie. La ville s'étend toute en longueur de long du rivage et quand les travaux visant à la doter d'une longue promenade sur le front de mer seront terminés, nul doute qu'elle deviendra une destination de choix pour les visiteurs.Le tourisme n'est plus ce qu'il était en Martinique. Les grands complexes hôteliers ont souvent été reconvertis en appartements... qu'on loue aux touristes. Le tourisme martiniquais est presque exclusivement d'origine française, de la France métropolitaine, bien sûr. Et c'est un tourisme où le troisième âge est fortement représenté. La Martinique serait-elle devenue un immense club de l'âge d'or réservé aux retraités français?
UNE ÎLE PETITE, MAIS VARIÉE
L'île est constituée par un massif volcanique dominé au nord par la montagne Pelée
(1 397 m), dont l'activité demeure menaçante. Le relief est très
accidenté, la seule plaine notable étant celle du Lamentin, au centre.
Les collines caractérisent le Sud. Le climat est tropical maritime,
pluvieux : la température moyenne est de l'ordre de 25 à 27 °C en basse
altitude, où l'amplitude thermique est faible. Les pluies sont
regroupées de juin à novembre (l'« hivernage »), alors que les mois du
« carême », de janvier à mai, sont un peu plus secs. La répartition
géographique des précipitations est très inégale : la façade atlantique,
exposée aux alizés, ainsi que les hauteurs sont plus arrosées (plus de
1 500 mm par an) et la saison sèche y est plus courte que sur le
littoral caraïbe, sous le vent, et que dans le Sud, moins élevé et
protégé des vents humides.
La Martinique se situe dans une zone où les cyclones
et tempêtes tropicaux sont fréquents : un cyclone tous les huit ans en
moyenne au cours des trois derniers siècles, avec une recrudescence
depuis une quarantaine d'années.
La diversité des régimes pluviométriques explique
celle de la végétation naturelle. On passe ainsi de la forêt dense et
humide du Nord à une forêt sèche sur la côte caraïbe et au sud. Les
sols, issus des roches volcaniques, sont très fertiles. Les côtes et le
milieu marin proche sont propices à la navigation, à la pêche artisanale
sur les hauts-fonds coralliens et au tourisme balnéaire (en particulier
sur les plages ensoleillées du Sud).
SOCIÉTÉ : DE LA COLONIE À LA NÉO-COLONIE
Comme en Guadeloupe,
la physionomie actuelle de la population reflète l'histoire du
territoire. Les Indiens Caraïbes – qui avaient eux-mêmes succédé aux
Arawaks – ont été très tôt exterminés en totalité par les colonisateurs
européens dont certains ont fait souche (les Békés, au nombre stable de
2 500) ; ces derniers ont eu recours à des esclaves noirs africains pour
travailler dans les plantations ; l'abolition de l'esclavage a entraîné
l'immigration de travailleurs indiens et chinois. Mais les métissages,
la présence de « petits Blancs » et l'augmentation du nombre de
métropolitains (26 000, dans la fonction publique notamment) ont
sensiblement transformé le simple schéma colonial originel.
La démographie globale de l'île s'est profondément modifiée au cours de la deuxième moitié du xxe s.
Après avoir connu un doublement de la population entre 1920 et 1965 du
fait d'un excédent croissant des naissances sur les décès, la population
s'est relativement stabilisée sous l'effet d'une forte émigration vers
la métropole (près de 200 000 Martiniquais y résident) et de la chute de
la natalité (de près de 40 ‰ à son maximum à 15-16 ‰ depuis le milieu
des années 1990). Parallèlement, l'urbanisation en a modifié la
répartition géographique au profit principalement de Fort-de-France (dont l'agglomération rassemble un tiers de la population totale) et au détriment des zones rurales du Nord et du Sud-Ouest.
Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, l'économie reste
fondée sur le Pacte colonial classique destiné à répondre aux besoins de
la métropole. L'essentiel de la production marchande est constitué de
quelques produits agricoles qui y sont exportés (sucre, rhum, bananes)
et tous les produits fabriqués en proviennent. Le statut départemental
(1946) et l'aide massive de la métropole modifient profondément la
situation. Les activités tertiaires (transport, commerce, tourisme,
administration) entretenues par des transferts de fonds publics et
privés (salaires des fonctionnaires, aides sociales, travaux publics,
subventions diverses, envoi de fonds des émigrés) deviennent
prédominantes : à partir de la fin des années 1980, elles représentent
plus de 80 % des emplois et contribuent dans les mêmes proportions au
produit intérieur brut. Des équipements modernes sont construits (réseau
routier, port et aéroport, hôpitaux, établissements scolaires et
universitaires, complexes hôteliers). Par contre, malgré quelques
réalisations, l'industrie reste à la traîne, et l'agriculture s'est
littéralement effondrée. La baisse des productions traditionnelles n'a
pas été compensée par le développement des productions vivrières
nécessaires à l'alimentation des villes. C'est là une des nombreuses
causes du profond déséquilibre du commerce extérieur, dans lequel la
métropole conserve une part prépondérante. La faiblesse des activités
agricoles et industrielles n'est pas non plus sans rapport avec le
chômage qui prévaut dans l'île, proche de 30 %.
HISTOIRE
Affairisme et rivalités
Découverte par Christophe Colomb
en 1493 le 11 novembre, jour de la Saint-Martin, l'île ne connaît pas
la colonisation espagnole, et ce n'est qu'en 1635 que des Français y
débarquent et exterminent les Indiens dont la présence était attestée
depuis une quinzaine de siècles (Arawaks, puis Caraïbes). Jacques Diel Du Parquet,
gouverneur de 1637 à 1658, est le véritable organisateur de la
colonisation, favorisant la culture de la canne à sucre par des
Hollandais chassés du Brésil. Il en devient même propriétaire en 1650.
Revendue – avec une grosse plus-value – à la Couronne à la mort de
Du Parquet, l'île est confiée en 1664, et pour un siècle, à la Compagnie française des Indes occidentales.
Peu après, elle devient le siège du gouvernement général des Antilles
françaises, et va bénéficier à ce titre d'une attention particulière de
la part de la métropole. L'économie et la hiérarchie sociale sont
fondées sur le système de la plantation. De riches créoles, les
« Messieurs », dépendant d'armateurs négociants de France, dirigent de
grands domaines, où des esclaves noirs cultivent café, canne à sucre,
indigo, coton. Noirs affranchis et métis se spécialisent dans le petit
commerce et l'artisanat.
Comme la Guadeloupe, la Martinique est convoitée par
l'Angleterre, qui occupe les deux territoires en 1759. Le traité de
Paris (1763), tout en officialisant la désagrégation du premier empire
colonial français, les rend cependant à la France. Le problème n'est pas
réglé pour autant. À deux reprises (1794 et 1809-1816), la Martinique
est réoccupée par les Anglais. Entre-temps, en 1790, les planteurs ont
tenté d'instaurer un régime autonome et aristocratique. Cette attitude
des colons, les velléités d'abolition de l'esclavage de la Convention et
l'exemple d'Haïti devenue indépendante sont à l'origine d'une
radicalisation des Noirs, dont l'agitation ne va pratiquement pas cesser
jusqu'à l'abolition de l'esclavage en 1848 (décret Schœlcher). (→ Empire colonial français, esclavage)
De Schœlcher à Césaire
L'abolition accroît les difficultés des plantations de canne, qui
subissent déjà la concurrence du sucre de betterave métropolitain, et
entraîne « l'importation » de main-d'œuvre bon marché des Indes et
d'Afrique. Le marasme économique et les troubles sociaux qu'elle induit,
la rivalité politique entre Victor Schœlcher (député de la Martinique sous la IIe République, de nouveau député puis sénateur à vie de l'île sous la IIIe République)
et Bissette, mulâtre rallié aux colons, enfin l'incendie de
Fort-de-France (1890) et l'éruption de la montagne Pelée (1902) marquent
la seconde moitié du xixe s. et le début du xxe s.
Le premier syndicat est créé en 1900, et, un an plus tard, le parti
socialiste. Ce dernier éclate en 1919, certains de ses dirigeants ayant
signé un pacte de collaboration avec les propriétaires de raffineries de
sucre. De la scission naît la fédération communiste de la Martinique,
dont la figure de proue sera après la guerre Aimé Césaire, « inventeur » du concept de négritude.
Entre 1940 et 1943, l'île reste, comme les autres
Antilles françaises et la Guyane, sous l'administration de Vichy et est
soumise à un blocus strict de la part des Anglais. Ralliée, après
diverses péripéties, au Comité français de libération nationale (C.F.L.N.),
la loi du 19 mars 1946, dont Césaire, devenu député, est l'un des
rapporteurs, en fait un département d'outre-mer (D.O.M.). La vie
politique va bientôt tourner autour du statut de l'île, à partir du
moment où A. Césaire, partisan de l'autonomie, mais hostile à tout
extrémisme, rompt avec les communistes et fonde le parti progressiste
martiniquais (1958). Dans le cadre de la décentralisation entreprise par
le gouvernement Mauroy, une Région se superpose au département (1982)
et un conseil régional élu au suffrage universel est institué en 1983.
A. Césaire en est le président jusqu'en 1988. Les partis de droite,
longtemps favorables au statu quo, semblent avoir légèrement évolué à la
toute fin des années 1990 dans le sens d'une plus grande autonomie. Les
indépendantistes demeurent minoritaires. Appelés le 7 décembre 2007 à
se prononcer par référendum sur la création d'une collectivité
territoriale se substituant au département et à la Région, les
Martiniquais se prononcent par 50,48 % des voix pour le « non ». En
janvier 2010, ils rejettent par 78,9 % de « non » le statut d'autonomie
selon l'article 74 de la Constitution et optent à 68,3 % de « oui » pour
la fusion Région-département.
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