
Trinité-et-Tobago
Capitale: Port-of-Spain

Nom officiel: République de Trinité-et-Tobago
Population: 1 223 916 habitants (est. 2014) (rang dans le monde: 158)
Superficie: 5 128 km. car.
Système politique: démocratie parlementaire
Capitale: Port-of-Spain
Monnaie: dollar de Trinidad et Tobago
PIB (per capita): 20 300$ US (est. 2013)
Langues: anglais (langue officielle), diverses langues créoles, hindoustani caribéen, français, espagnol, chinois
Religions: protestants 32,1%, catholiques romains 21,6%, hindous 18,2%, musulmans 5%, autres 8,4%, non spécifié 11,1%, aucune 2,2% (est. 2011)
GÉOGRAPHIE
1. Le milieu naturel
L'État est composé de deux îles : la Trinité (4 827 km2, 96 % de la population totale et une proportion encore plus élevée de la richesse nationale) et Tobago, située à 35 km au nord-est de sa grande voisine avec des ressources très limitées, mais un potentiel touristique bien exploité.
Au plan géologique, la Trinité n'est que le
prolongement du Venezuela proche ; elle émerge de son vaste plateau
continental et n'en est séparée que par des bras de mer peu profonds
(golfe de Paria et bouches du Serpent). Sauf au nord, où elle est
constituée par une chaîne montagneuse (Northern Range) schisteuse et
accidentée, quoique peu élevée (900 m d'altitude moyenne), elle a un
relief de plaines alluviales, de bassins sédimentaires et de collines
gréseuses et calcaires disposés en bandes orientées de l'ouest à l'est
et alternées du nord au sud. Elle dispose de bons sols agricoles et
surtout de gisements d'hydrocarbures dans les terrains tertiaires du sud
et sur le plateau continental. Tobago, formé d'un complexe de roches
intrusives et métamorphiques tertiaires, a un relief de hautes collines
culminant à 572 m, à l'exception du sud-ouest, où s'étend une petite
plaine sur des calcaires coralliens soulevés. Les deux îles ont un
climat tropical pluvieux (souvent plus de 1,50 m d'eau par an) ; la
saison sèche, de janvier à mai, n'y est marquée qu'à l'ouest ; les
cyclones y sont rares. Il reste de vastes étendues de la forêt dense qui
les recouvrait autrefois.
2. La complexité ethnique


3. Les caractéristiques économiques
La domination de l'industrie sucrière pendant la période coloniale n'est plus qu'un lointain souvenir. Le pétrole, exploité depuis la fin du xixe s. et devenu, de nos jours, le principal moteur de l'économie, a permis l'extraordinaire expansion du pays. Mais la chute des cours mondiaux dans les années 1980 a révélé la fragilité d'une économie trop dépendante de la production des hydrocarbures. L'archipel s'est donc engagé dans la voie de la diversification, notamment par le tourisme, afin d'échapper à sa trop grande sensibilité aux fluctuations internationales. Trinité-et-Tobago possède l'une des économies les plus dynamiques de la région des Antilles. Le pays a bénéficié d'une croissance soutenue depuis les début des années 2000, temporairement affaibli par la crise en 2009.
Trinité-et-Tobago possède une solide base
industrielle. Bénéficiant des incitations gouvernementales et de
l'investissement étranger, celle-ci repose sur la production de fer et
d'acier, la pétrochimie et la cimenterie. L'archipel exporte, en outre,
20 % du méthanol mondial et se place au 1er rang mondial dans le secteur des engrais azotés.
La puissante industrie pétrolière contribue pour la
moitié du produit intérieur brut (P.I.B.) et pour plus des trois quarts à
la valeur des exportations. Les champs pétrolifères, principalement
offshore, sont exploités par plusieurs sociétés, surtout américaines,
dont l'Amoco Trinidad Oil Company, qui fournit un peu plus de la moitié
de la production. Deux raffineries sont installées dans les villes de
Pointe-à-Pierre et Point Fortin, dans le sud-ouest du pays. Le pétrole
est exporté vers la Grande-Bretagne et l'Amérique du Nord. Les réserves
sont en voie d'épuisement et de nouvelles prospections sont en cours. La
Trinité possède, par ailleurs, les plus grandes réserves mondiales
d'asphalte (Pitch Lake, dans le sud-ouest de la Trinité, est exploité
depuis le xvie s.). L'exploitation du gaz
naturel est en voie d'expansion, contribuant à soutenir l'effort
industriel du pays. Un important gisement de gaz naturel a été découvert
en 2000 au sud-est des côtes de Trinité par la compagnie British
Petroleum.
Le secteur agricole a beaucoup souffert de
l'industrialisation du pays. Il n'a cessé de régresser et ne contribue
plus qu'à 1 % du P.I.B. Toutefois, il demeure une importante source
d'emplois. Les principales productions destinées à l'exportation sont le
café, le cacao, le coprah, les noix de coco et les agrumes.
L'exploitation forestière (teck et pin) progresse. La pêche est encore
loin de couvrir les besoins du marché local. Malgré l'extension de
l'agriculture vivrière (riz, maïs, racines, tubercules), l'essentiel des
ressources alimentaires du pays doivent être importées. L'élevage est
exceptionnellement développé pour un pays tropical.
Le tourisme s'est considérablement développé, en
particulier sur l'île de Tobago. L'expansion de ce secteur s'appuie sur
un milieu naturel très attractif, la construction d'infrastructures
hôtelières et l'amélioration des liaisons aériennes. Les visiteurs
viennent surtout d'Europe et des États-Unis.
HISTOIRE
1. La colonie britannique
Découverte par Christophe Colomb (juillet 1498), la Trinité est occupée par les Espagnols (1532). Attaquée par sir Walter Raleigh (1595), par les Hollandais (1640), puis par les Français (1677, 1690), elle est conquise par les Anglais (1797) et cédée à eux par la paix d'Amiens (1802). Elle devient alors une colonie britannique, à laquelle est jointe en 1889 l'île voisine de Tobago. L'expansion de la population commence véritablement en 1783, et, à la fin du siècle, de nombreux Français venus d'Haïti s'y installent. La croissance de la population s'accélère avec la distribution des terres de la Couronne en 1871 et après la Seconde Guerre mondiale. L'île fait partie de l'éphémère Fédération des Indes-Occidentales de 1958 à 1962.2. L’indépendance
En 1962, après la dissolution de cette Fédération (mai), les îles de la Trinité et de Tobago deviennent indépendantes au sein du Commonwealth (août).
Le People's National Movement (PNM), parti de la
communauté noire, détient la majorité à la Chambre des représentants à
partir de 1961. Dr Eric Williams, fondateur du PNM et considéré comme le
« père de la nation », devient Premier ministre. L'opposition est
constituée alors surtout par les Indiens, descendants d'une main-d'œuvre
importée de l'Inde après l'abolition de l'esclavage,
en 1838. La bipolarisation de la vie politique sur des clivages
ethniques et la montée du chômage provoquent en 1970 des émeutes de
Noirs (se réclamant du mouvement « black power » et de l’Américain
d’origine trinidadienne Stokely Carmichael) et la proclamation
temporaire de l'état d'urgence. Malgré la levée de ces dispositions,
l'opposition boycotte les élections de 1971, et de nouveaux troubles
raciaux éclatent la même année. Eric Williams les surmonte grâce à
l'aide des États-Unis, qui conservent encore une base navale dans l'île,
à Chaguaramas.
3. Une république fragilisée par les tensions raciales
En 1976, une Constitution républicaine est votée, la Trinité restant au sein du Commonwealth, et l'ancien gouverneur général, sir Ellis Clarke, devient président de la République. Noor Hassanali lui succède en 1987.
À la mort d'E. Williams en 1981, George Chambers
prend la tête du PNM et du gouvernement. L'histoire politique de
Trinité-et-Tobago est ensuite fortement liée à la conjoncture
économique. Ainsi, le PNM perd le pouvoir aux élections de 1986 alors
que la crise du début des années 1980 touche durement le pays. Il est
battu par une coalition (pluriethnique) de partis d'opposition et de
dissidents du PNM regroupés au sein de la National Alliance for
Reconstruction (NAR) de Raymond Robinson. La violence politique éclate
en 1990, quand un groupe d'extrémistes musulmans tente un coup d’État
sur fond de crise économique aggravée. Le NAR laisse à nouveau le
pouvoir au PNM conduit, cette fois-ci, par Patrick Manning qui devient
Premier ministre après une victoire électorale aisée en décembre 1991.
La persistance de la crise économique provoque une nouvelle alternance
politique aux élections de 1995. Basdeo Panday, chef du United National
Congress (UNC) issu en 1988 du NAR et représentant surtout la communauté
indo-trinidadienne, devient le chef du gouvernement après avoir fait
jeu égal avec le PNM et bénéficié du soutien du NAR. L'amélioration des
conditions économiques, à partir de 1995, devient le principal allié du
parti au pouvoir. En février 1997, R. Robinson, du NAR, devient
président du pays à la suite du départ à la retraite de N. Hassanali.
Basdeo Panday est reconduit à la tête du gouvernement après la victoire
de son parti, l'UNC, aux législatives de décembre 2000.
De nombreuses accusations de fraude entachent
cependant la légitimité du scrutin. Trinité-et-Tobago renoue avec
l'instabilité politique et les tensions raciales. L'UNC se déchire et de
nouvelles élections sont organisées en décembre 2001. L'UNC de
B. Panday et le PNM de P. Manning font jeu égal. Loin de se résoudre, la
crise politique se prolonge et s'exacerbe quand le président
R. Robinson choisit de façon arbitraire P. Manning pour former le
gouvernement. Une issue est trouvée après la tenue d'une nouvelle
consultation électorale en octobre 2002. Le PNM s'impose définitivement,
en partie grâce aux soupçons de corruption pesant sur Panday – une
victoire renouvelée en 2007 avec 46 % des voix et 26 sièges. En février
2003, George Maxwell Richards remplace R. Robinson à la présidence de la
République. Le gouvernement de P. Manning doit faire face à une très
forte augmentation de la criminalité liée au trafic de stupéfiants : en
2004 un plan national de lutte contre la drogue est adopté pour cinq ans
et le pays collabore activement avec ses voisins dans ce domaine,
organisant en 2007 une nouvelle réunion sur la coopération UE-Amérique
latine-Caraïbes sur les drogues.
En perte de vitesse en raison notamment de nombreux
scandales politico-financiers, P. Manning et son parti sont battus aux
élections du mois de mai 2010 par le Partenariat du Peuple, alliance de
cinq partis d’opposition dont l’UNC, conduite par Kamla
Persad-Bissessar– la première femme (d’ascendance indienne tout comme
son prédécesseur à la présidence du parti B. Panday) à prendre la tête
du gouvernement – qui s’engage à lutter en priorité contre la corruption
et la violence mais aussi à surmonter les clivages ethniques. Entre
août et décembre 2011, l’état d’urgence doit être instauré dans
plusieurs zones touchées par une recrudescence de la criminalité liée au
trafic de stupéfiants. Élu par le parlement après accord entre les
partis, le nouveau président Anthony Carmona entre en fonctions en mars
2013.
Membre de la Communauté (et du marché commun) des
Caraïbes (CARICOM) depuis 1973 et de son Marché unique (Caricom Single
Market and Economy, CSME) depuis 2006, Trinité-et-Tobago est aussi l'un
des États fondateurs, en 1995, de l'Association des États de la Caraïbe
(AEC, dont le secrétariat général est à Port of Spain) et abrite depuis
2005 la Cour caribéenne de Justice (CCJ). En avril 2009, Port of Spain
accueille Ve sommet des Amériques réunissant les chefs d'État
et de gouvernement de 34 pays membres de l'Organisation des États
américains (OEA).
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